Chartres, Joyau de la Beauce !

Capitale d’un pays beauceron méconnu et parfois raillé sans raison, Chartres mérite pourtant sacrément le détour. Avec ses ruelles, l’ambiance qui s’y dégage quand on flâne sur les bords de l’Eure, ses maisons à colombages et bien évidemment sa célébrissime cathédrale, la jolie cité nous a offert une savoureuse balade.

 

Dans l’imaginaire collectif, on a tendance à dire, presque moqueur, que la Beauce compte autant de relief qu’une crêpe. Bien entendu, à certains endroits, c’est le cas, avec des champs s’étendant à perte de vue, la ligne d’horizon étant alors seulement habillée par quelques éoliennes, traînant çà et là. Certains, goguenards, diront même qu’à la nuit tombée, il est possible de voir, derrière l’encadrement d’une fenêtre, la lumière éclairant la cuisine du voisin ou de la voisine… du village d’à côté.

Mais parler de la Beauce uniquement par sous cet angle-là serait sacrément réducteur. Le territoire recèle en effet de nombreux trésors. Et Chartres en est un.

Comme un pied de nez, déambuler dans le centre historique de la ville demande quelques efforts. Rien d’insurmontable, bien sûr, mais cela vous fera tout de même travailler un tout petit peu vos jarrets. Pour la bonne cause, car au détour d’un escalier abrupt, d’une remontée de rue ou d’une descente de ruelle, la cité chartraine offre des ambiances totalement différentes.

Ici, on tombe sur un petit square au sol pavé, avec des maisons à colombages splendides, où les chats flânent tranquillement sur les rebords de jardinets mignons tout plein. Là, on longe les bords de l’Eure, où l’on peut admirer des dizaines de jolis ponts tout en pierre enjambant la rivière, sans oublier les lavoirs et la collégiale Saint-André, bâtie au XIIe siècle, et aujourd’hui classée Monument Historique. C’est bien simple, cette petite promenade au fil de l’eau donne l’impression de ne pas du tout évoluer dans un environnement urbain, en offrant un sentiment de plénitude absolue. Ailleurs, on s’arrêtera quelques minutes pour observer, sous un arbre, la façade d’une belle demeure d’où sort, à l’extérieur, un escalier tourelle magnifique de style Renaissance, avec des sculptures en bois grandioses, dont certaines prennent l’apparence de crocodiles portant des oreilles de lapins. Cet escalier, c’est celui de la reine Berthe. Mais depuis cette partie basse de la ville, un monument ne cesse cependant d’attirer le regard : la cathédrale Notre-Dame…

 

Escalier de la reine Berthe
Escalier de la reine Berthe

 

Histoire ancienne et moderne

Ses deux flèches et sa charpente métallique – avec cette couverture en cuivre à l’origine du vert-de-gris qui lui donne cette couleur verte si caractéristique – dessinent le paysage de la ville. Située sur une petite colline, elle est visible à des kilomètres à la ronde. A leur pied, les mots manquent face à la richesse de ses façades. Sur chacune d’elles, le détail et la qualité des sculptures des tympans, à l’image de celui illustrant le quatrième chapitre de l’Apocalypse, sont phénoménaux.

Les vitraux sont aussi l’un des nombreux joyaux de la cathédrale. Ils sont même considérés comme l’un des ensembles les plus ­complets et les mieux préservés de l’époque médiévale. Outre ses rosaces, on pourrait passer des heures à contempler les baies mettant en scène la vie de Charlemagne ou de saint Eustache, en plus de celles représentant des corps de métiers, à l’image des charpentiers. La couleur de certaines de ses verrières datant du XIIe siècle est incroyablement sublime, avec ce fameux “bleu de Chartres”, que l’on doit à l’emploi d’un fondant sodique dans lequel était incorporé du cobalt avant d’ajouter de l’antimoine, un opacifiant, en plus du cuivre et du fer.

Autre endroit à ne pas négliger en visitant la cathédrale, est le tour de chœur, entièrement sculpté, regroupant un total de 200 statues, ou encore son mystérieux et célèbre labyrinthe, au niveau du pavage de sa nef principale. Avec une longueur de 130 m et une voûte dont la hauteur culmine à 37,50 m, ses dimensions sont tout bonnement gigantesques pour l’époque. Un véritable chef-d’œuvre !

La Maison Picassiette en est un autre. Elle est le fruit du travail de Raymond Isidore, un personnage haut en couleur, qui a transformé sa maison en œuvre d’art, grâce à de superbes mosaïques faites avec des assiettes – d’où son nom –, mais aussi des tessons de porcelaines ou du verre. Au final, il ne vous reste qu’une seule chose à faire : venir à Chartres, dans ce beau pays beauceron, peut-être méconnu, mais qui ne manque pas d’atouts.

Détaille de la maison Picassiette
Détaille de la maison Picassiette

 

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