Uzès, La Toscane à la française

Uzès a su, au cours des siècles, défendre sa place. Ce qui fait d’elle aujourd’hui une ville chargée d’histoire, avec son château ducal, ses traditions et son architecture. Découvrons celle que l’on l’appelle la “cité toscane à la française” !

 

Jean Racine contait à Jean de La Fontaine à quel point la ville d’Uzès le dépaysait. Tant par sa linguistique que par ses spécialités culinaires. Plus tard, le nobélien André Gide, né d’un père uzétien, puisait son inspiration sur les terres gardoises pour coucher sur le papier ce qui fera ensuite sa réputation.

Ville littéraire à l’architecture médiévale, premier duché de France, berceau de la production de truffe, Uzès sait plaire et ravit ceux qui viennent la visiter. Beaucoup ont choisi de poser leurs valises définitivement, comme Alexis et Gwilym, Parisiens d’origine, propriétaires de la chambre d’hôtes L’Albiousse : « Uzès se vit plus qu’elle se visite », ont-ils déclaré de la façon la plus poétique possible. Et c’est ainsi que l’on commence ce voyage, à cette invitation à la poésie, devant la paroisse d’Uzès en fin de journée, au moment où le soleil tire sa révérence. A cet instant, la lumière a quelque chose de mystique. Du haut de ses quelques mètres d’altitude, la ville offre un point de vue inimitable sur la vallée de l’Eure. La beauté des paysages en version nocturne promet par avance une fabuleuse découverte au lever du jour.

Au cœur de la cité médiévale

Dès l’aube, un mercredi matin, la place aux Herbes s’agite déjà avec les marchands qui viennent mettre en place leurs produits, sur les étals, avant l’arrivée des premiers clients. Depuis le XIIIe siècle, ce centre-ville accueille les marchés. Une soixantaine de producteurs investissent les lieux et proposent des produits locaux : asperges de l’Uzège, gariguettes, œufs bio, pélardons, vins du coin, etc. Ce marché est le symbole même de l’excellence des produits du terroir gardois.

La ville s’étend sur environ 25 km2. Le calcaire coquillier qui a servi à la construction des bâtiments du bourg est le symbole du passage des Romains à l’Antiquité. Ces derniers utilisaient ce type de roche pour édifier de grands monuments. On présente d’ailleurs Uzès comme la “Toscane française”. Comme cette ambiance italienne se ressent par ses sommets minéraux et végétaux ainsi que par ses eaux dites “bénies des dieux” par les habitants.

La matinée bat son plein, 10 h sonnent, et les terrasses des cafés se remplissent sur la place du marché. Il faut dire que l’endroit est agréable, avec ses arcades, ses pavés, sa fontaine, et le chant des oiseaux en période printanière. Pour patienter avant le déjeuner, une spécialité locale appelle nos papilles : la figatine. Une douceur uzétienne née en 2010 dans la boulangerie La Nougatine, mêlant figue et nougatine d’amandes effilées.

Bien que son marché, sa place et ses cafés contribuent à sa réputation, la ville d’Uzès se veut avant tout gardienne de l’Histoire. Perchée sur son rocher, la cité s’inscrit dans le patrimoine monarchique.

La place aux Herbes
La place aux Herbes © Julie Barbiera

 

“Ville d’Art et d’Histoire”

En 2008, la ville d’Uzès obtient le label “Ville d’Art et d’Histoire”. Elle témoigne ainsi de sa volonté de promouvoir les richesses de ses héritages historiques, architecturaux… Et pour encore mieux saisir l’essence d’Uzès, il faut faire un saut dans le passé.

Quand nous observons le château ducal, lieu de visite incontournable, son architecture parle, les murs témoignent du passage du temps… Moyen Age, Renaissance, les Lumières, les Temps modernes, etc. Le château n’a cessé de se réinventer au cours des époques. Pour l’anecdote, le Duché appartient à la même famille depuis près de 1000 ans ! Aujourd’hui, c’est Jacques de Crussol d’Uzès, dix-septième duc d’Uzès qui est toujours propriétaire des murs. Bâti sur un ancien camp romain, le château était originellement le lieu de résidence du gouverneur. Vendue à des familles uzétiennes puis rachetée par le duc, la bâtisse a changé plusieurs fois de propriétaires, mais elle demeure aujourd’hui entre les mains de la maison de Crussol.

Dans l’enceinte, le donjon du duché nommé la Tour Bermonde se laisse entrevoir. Ce belvédère fait partie des trois tours féodales d’Uzès. Jusqu’à la Révolution, la Tour Bermonde, la Tour du Roi et la Tour de l’Évêque révélaient la puissance de la cité.

Le château ducal
Le château ducal © Julie Barbiera

 

Et c’est ainsi que le voyage s’achève, dominant la ville d’Uzès, le mistral de plein fouet balayant nos cheveux. Le mont Ventoux, au loin, se dresse comme seul “obstacle” à notre champ de vision. On se laisse une dernière fois aller dans un élan de poésie : « Ô petite ville d’Uzès ! Tu serais en Ombrie, des touristes accourraient de Paris pour te voir », déclarait André Gide dans Si le grain ne meurt.

Vue sur Uzès depuis le donjon
Vue sur Uzès depuis le donjon © Julie Barbiera

 

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