C’est un sentier intimiste qui serpente, presque malicieusement, autour des arbres. Pour le trouver, il faut monter quelques marches à l’intérieur du château, puis une dizaine d’autres à l’extérieur. Sur les premiers mètres, le chemin affiche quelques pourcentages à gravir avant de s’aplanir un peu. Après quelques pas, sur la droite, à travers la végétation, se dessine alors peut-être l’une des plus belles vues sur les jardins de Villandry. De ce petit promontoire, les différentes terrasses se dévoilent les unes après les autres. Au pied du château, le potager décoratif laisse ainsi éclater ses couleurs vives. Il y a du vert, du bordeaux ou encore du violet. Au total, neuf carrés, qui ont tous la même taille, mais dont les lignes, à l’intérieur, sont différentes, sont disposés sur près d’un hectare. Un petit peu plus loin, apparaît le deuxième niveau, les salons d’ornement d’inspiration Renaissance, avec leurs hauts buis et leurs fleurs, mais divisés en deux parties par un canal. La première, juste à côté de la façade sud du château, met en évidence les jardins des Croix et de l’Amour, célèbre pour ses cœurs. La seconde, à l’ouest, prend le doux nom de jardin de la Musique. En continuant toujours sur ce sentier, on découvre, au loin, le jardin d’eau, situé sur la troisième terrasse, qui a été conçu comme un lieu de méditation. Pour découvrir la suite, il faut quitter ce petit chemin et aller se perdre du côté de la quatrième terrasse et le dernier-né de Villandry : le jardin du Soleil. “Sorti de terre” en 2008, sur idée d’Henri Carvallo, propriétaire actuel, voici un cloître de verdure, avec des charmes et des tilleuls, où trois chambres différentes ont été aménagées.
Les jardins du domaine n’ont pas toujours eu cette apparence. Avec les premières transformations du XVIIIe siècle, l’édifice n’était en effet plus le même que celui construit par Jean Le Breton, secrétaire des Finances de François Ier, en 1536. Sous l’impulsion du marquis de Castellane, les arcades de la cour ont été murées et les fenêtres de l’époque Renaissance arrondies. Des baies de style Louis XV ont également été percées, puis garnies de balcons et de balustrades. Enfin, des fenêtres en trompe-l’œil ont été ajoutées à la façade. Au XIXe siècle, les propriétaires de l’époque, la famille Hainguerlot, avaient donné aux jardins la forme d’un parc à l’anglaise, d’inspiration romantique. C’est grâce au travail titanesque de Joachim Carvallo, notamment à travers la lecture de plusieurs ouvrages et de plans anciens, que Villandry a retrouvé ses jardins d’époque. Devenu propriétaire du domaine fin 1906, il s’est également attaché à redonner au château son apparence Renaissance. Pour que le château retrouve cet aspect, Joachim Carvallo a mis sur place une équipe de 100 maçons. Satisfait de la tournure des événements, il décide après moins d’une semaine de chantier, d’inviter les membres de la Société d’archéologie de Touraine – habitués à voir le château avec ses fausses fenêtres – pour qu’ils puissent se rendre compte de l’avancée des travaux. Dans l’Histoire de Villandry et son château, ouvrage paru en 1949, Joachim Carvallo a alors cette phrase : « Ils n’en pouvaient croire leurs yeux et pensaient que, par l’effet d’un coup de baguette magique, j’avais reconstruit un nouveau château… » Que l’on admire, tout comme les jardins, encore aujourd’hui…