La meilleure façon de découvrir San Sebastián, c’est de vous laisser porter par le rythme de la ville. Flânez dans les rues. Profitez de chaque pas dans l’harmonie ambiante. Remarquez les bâtiments, le style et l’élégance des vitrines. Admirez ses paysages changeants et sa nature privilégiée. Avec calme, sans vous presser et laissez-vous envahir par cet enivrant pays. Bienvenue au Pays basque « Ongi etorri Euskal Herria ! »
Admirablement protégée par des sites naturels, la petite ville de pêcheurs a servi d’accès à la mer pour le roi Sanche qui, dès 1180, l’a reconnue officiellement. Le commerce maritime, sa proximité avec la France et sa situation sur la route de Compostelle ont donné un élan à son développement. Elle fut une enclave stratégique pendant les guerres et devint même quelque temps propriété de la France. Les bains de mer, la douceur de son climat, l’élégance de sa baie (une des plus belles d’Europe) attirèrent les classes aisées de la Belle Epoque qui en firent leur destination touristique privilégiée. Plus récemment, et pendant plus de 30 ans, le général Franco y passait le mois d’août au Palacio et Parque de Ayete.
C’est peut-être cela qui a, un temps, entaché la réputation de San Sebastián. A l’instar de Porto et de Séville, elle a ce petit quelque chose d’envoûtant et d’authentique, ce supplément d’âme qui la différencie des villes-musées, “nid à touristes”. Elle vous entraîne dans sa diversité, vivante. Pour en profiter et trouver de la place, arrivez dans la matinée et stationnez sur l’aire de camping-car dans la zone universitaire d’Ibaeta, idéalement située. Vous pourrez rejoindre chaque quartier de la ville en bus.
Ses différents quartiers s’additionnent et lui confèrent son identité gastronomique, basque et marine… Vous avez faim ? San Sebastián a été élu capitale gastronomique du monde en 2018. Elle compte 19 étoiles au Michelin ! L’adresse que je vous suggère est beaucoup plus accessible (dans tous les sens du terme). Depuis l’aire, longez le Musikene dans le quartier résidentiel de Benta Berri. Son architecture contemporaine avec ses gros volumes géométriques et ses panneaux dorés est censée évoquer un piano. Partagez mon doute à ce sujet et dépassez la plaza Lorategiak avec ses fontaines et ses palmiers. Vous voilà arrivés au Kobak. Vous allez faire un repas de pintxos qui sont au Pays basque ce que les tapas sont à l’Espagne. Avec cinq pintxos et una cerveza (une bière), le repas sera complet. Le kobak est un toast de saumon fumé surmonté d’un anchois et de poivrons verts, la tortilla de Bacalao est une omelette légère garnie de morue, la croqueta est parfumée au jambon ibérique, les txipirons de la famille des calamars sont grillés à la plancha, comme l’est aussi le petit foie gras de canard servi sur son toast, à ne surtout pas rater !
En sortant de table, empruntez la calle Matia. C’est la rue principale du quartier avec ses commerces traditionnels et ses nombreux bars. Elle vous conduit à la plage à hauteur du palais de Miramar. En face, l’île de la Tortue – qui en a vraiment la forme. Sur votre droite, en empruntant le tunnel, on accède à la plage principale. Sur votre gauche, la plage d’Onderatta vous conduit au pied du mont Igueldo. C’est aussi la plus haute des collines qui entourent la baie. A son pied, utilisez le funiculaire en bois, au charme délicieusement rétro, inauguré en 1912, afin de grimper jusqu’au sommet. Au début du XXe siècle, un parc d’attractions y fut construit. Résolument vintage, il est resté fidèle à ses origines. “La rivière mystérieuse” est charmante. Le panorama sur la baie de La Concha et la ville de San Sebastián est tout simplement époustouflant.
Depuis l’aire, en utilisant les bus n° 25 ou 5, vous atteindrez la vieille ville en une quinzaine de minutes. Commencez par rejoindre et longer son port. Soyez gourmands et grignotez les spécialités de la mer, crevettes et bigorneaux kiskillas et karrakelas, en vous promenant au milieu des anciennes maisons de pêcheurs. L’aquarium vous propose, comme une plongée au milieu de l’océan, son “océanarium”, une traversée en tunnel avec une vue à 360° sur plus de 40 espèces de poissons. Revenez au grand air, tout au bout, là où finit le port, aventurez-vous sur le paseo Nuevo, un chemin sauvage, mais certainement le plus beau de la ville. Il vous mènera au gré des vagues, géantes les jours de tempête, jusqu’à la Construcción Vacía, une gigantesque sculpture de Jorge de Oteiza Enbil, qui semble défier la mer. Au pied du mont Urgull, se trouve la basilique de Santa Maria, au style baroque. A l’autre extrémité de la rue, l’église San Vicente, construite au début du XVIe siècle dans le style gothique, est le plus ancien édifice de la ville. Allez aussi jusqu’à la plaza de la Constitución autour de laquelle s’articulent toutes les rues. Au-dessus des arcades, les fenêtres portent les numéros des tribunes des anciennes arènes qui rappellent que cette place a toujours été le lieu de rendez-vous des fêtes locales.
Nulle voiture dans ces ruelles, mais de nombreux bars qui vous attirent avec leurs alignements spectaculaires de pintxos. Chaque établissement a sa spécialité. A l’origine, il était une tartine de pain sur laquelle on plaçait une ration de nourriture fixée par un cure-dent. Aujourd’hui, il y a toujours les classiques, mais les chefs redoublent d’originalités pour élaborer de nouvelles saveurs concentrées en délicieuses petites doses. Le soir, les Donostiens – les habitants de Donostia, le nom basque de San Sebastián – s’y retrouvent et partagent ces moments conviviaux. Mais quelle que soit l’heure de la journée, vous ne serez jamais seuls dans ces bars typiques. Mettez-vous au diapason local et passez de bar en bar pour pratiquer le txikiteo : une boisson, un pintxo. C’est certainement la meilleure façon de découvrir l’âme basque qui mêle rires, conversations et divertissements.