Etabli sur la Vienne, Châtellerault fut, aux XVIe et XVIIe siècles, un important port fluvial. De cette époque subsiste l’imposant pont Henri IV, achevé en 1609 et aujourd’hui emblème de la ville. Mais la halte vaut surtout pour découvrir le site de La Manu, une ancienne manufacture d’armes qui resta active jusqu’en 1968. Elle accueille désormais un remarquable musée de l’Automobile, de la moto et du vélo, baptisé le Grand Atelier, musée d’Art et d’industrie.
Plein sud, en remontant le cours de la rivière (la Vienne), on atteint vite Chauvigny qui se divise en fait en deux territoires : la ville haute et la ville basse. C’est sur un éperon rocheux que se trouve l’ancienne cité, d’origine médiévale. Elle ne compte pas moins de cinq châteaux. Chaque seigneur y possédait son donjon. Les ruines de l’imposant château Baronnial, dit des Evêques de Poitiers, sont des plus évocateurs. S’y déroule, en saison, un spectacle de rapaces provenant du monde entier : aigles, vautours, faucons… évoluent dans le ciel, répondant aux ordres de leurs fauconniers.
Il faut également voir, en visite libre, le château d’Harcourt qui a conservé ses puissants remparts. Le troisième château à découvrir est le très gros donjon consolidé et restauré de Gouzon. L’endroit abrite un espace d’archéologie industrielle sur quatre niveaux. Un ascenseur donne accès à une terrasse panoramique d’où la vue est saisissante. La visite du bourg haut ne serait pas complète si l’on ne consacrait pas quelques instants à la collégiale Saint-Pierre, dont le pur chevet roman est orné de sculptures d’animaux et de monstres. A l’intérieur, les chapiteaux historiés du chœur sont remarquables. Y figurent des monstres et des scènes de la Bible, pleines de verve ou de cocasserie.
Au pont sur la Vienne, piquez plein sud au long de la rivière par la D8 en direction de Morthemer, un charmant petit bourg qui mérite une halte, autant pour son cadre paisible que pour son surprenant château-église se reflétant dans un étang. L’édifice religieux est intéressant pour sa crypte et ses peintures murales. Un peu plus loin, Civaux conserve un site insolite : une nécropole mérovingienne qui pouvait contenir jusqu’à 15 000 tombes, dans une enceinte clôturée de couvercles de sarcophages, fichés dans le sol, tels des menhirs.
Pourquoi tant de sarcophages ? Le mystère demeure… Gagnez Lussac-les-Châteaux, puis Persac, et via Moulismes, Plaisance pas très loin de la Gartempe, rivière au caractère sauvage bien connue des pécheurs que vous suivrez en direction de Montmorillon. Dans ce bourg, les gourmands ne manqueront pas de faire halte à la pâtisserie Rannou-Métivier, boulevard de Strasbourg. Vous y dégusterez les fameux macarons de Montmorillon. Sur la rive gauche, au pied de l’église Notre-Dame, le quartier historique est devenu la Cité de l’Ecrit et des métiers du livre. S’y côtoient petits ateliers, librairies et bouquinistes.
Au cœur de l’art roman
Plus au nord, arrêtez-vous à Antigny. Son église romane abrite des fresques qui dateraient du XIVe siècle ainsi qu’une superbe voûte en bois de chêne. Cette halte est une belle introduction à l’étape suivante, l’abbaye de Saint-Savin. Son église préserve l’un des plus beaux ensembles de peintures romanes de France. Ces œuvres couvrent toute la nef, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, qu’André Malraux surnommait “la Sixtine romane”. Allez-y avec une paire de jumelles pour apprécier tous les détails de ces peintures ! Le clocher porche, dont l’accès est réservé aux visites guidées, abrite des peintures consacrées à l’Apocalypse de toute beauté.
Un autre site majeur vous attend plus au nord : Angles-sur-l’Anglin. Ce charmant petit village aux toits de tuiles plates est labellisé Plus Beaux Villages de France. Il est dominé par les ruines d’une forteresse des évêques de Poitiers qui se reflètent à merveille dans les eaux de l’Anglin, bordée de haies de peupliers et de saules. Durant la guerre de Cent Ans, la place forte fut tantôt française, tantôt anglaise, au gré des combats et des assauts devenus légendaires.
Après le château, rendez-vous au Roc aux Sorciers. Ce site de sculptures pariétales monumentales est considéré par beaucoup comme le “Lascaux de la sculpture”, rien de moins. Pour boucler l’itinéraire, poursuivez par Vicq-sur-Gartempe puis La Roche-Posay, petite ville aux confins des vallées de la Creuse et de la Gartempe, réputée depuis l’époque gallo-romaine pour l’efficacité dermatologique de ses eaux. La commune conserve le style suranné et les attraits propres aux petites stations thermales, animée toute l’année par plus de 10 000 curistes.
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