Montbéliard en camping-car, une balade dans la cité éclairée

Ville à l’histoire riche, Montbéliard s’est rapidement fait une place de choix : celle d’une cité prospère et cultivée, rehaussée par une architecture classe et sobre, héritée notamment des nobles de la Maison de Wurtemberg. Camping-Car Magazine vous fait le tour du propriétaire !

Si elle vient souvent sur le tapis, quand on évoque la vénérable maison Peugeot, Montbéliard ne se résume pas à une simple escapade dans le fief du célèbre constructeur automobile. Bien avant que la marque au Lion ne fasse son apparition, la petite cité faisait déjà parler d’elle.

Berceau de nombreux intellectuels, Montbéliard a pendant longtemps été en avance sur son temps, avec une population cultivée et éduquée où le savoir et la connaissance étaient érigés tout en haut de la liste. « Ainsi, quand la ville est rattachée à la France en 1793, on constate par exemple que 80 % des personnes qui peuplent la cité savent lire et écrire », indique Anaïs Baronnat, guide conférencière dans ce beau Pays de Montbéliard. Le protestantisme, qui a grandement marqué l’histoire de la ville, n’est pas étranger à tout ça. Pour que la réforme luthérienne imprègne les habitants, les protestants ont envoyé de nombreux pasteurs à travers la campagne et les villages pour prêcher cette nouvelle parole. A chaque fois, ils étaient accompagnés d’un instituteur, le but étant de pouvoir lire la Bible dans sa langue d’origine par la suite. Résultat, dès leurs six ans, les petits garçons et les petites filles bénéficiaient d’un enseignement hors pair.

De cette époque, Montbéliard a gardé de nombreuses traces. La principale se situe au niveau de la place Saint-Martin, où se dresse le temple du même nom. Edifice à la fois imposant et épuré, simple et étudié, beau et robuste, il se caractérise par un style unique où la polychromie rehausse encore un peu plus son apparence, notamment grâce à un subtil mélange entre le calcaire blanc du Jura et le grès rose des Vosges, que l’on aperçoit au niveau des portes ou de quelques bas de colonnes. A l’intérieur, de somptueuses peintures d’époque – en cours de restauration pour une réouverture au public prévue début 2024. Seul le clocher détonne un peu de l’ensemble. Rien de surprenant, en fait, puisqu’il a été édifié à la hâte lorsque l’armée de Louis XIV prend la ville et impose le culte catholique. Solution provisoire à l’origine, il est conservé en l’état, ce qui participe au charme de ce temple bâti, apparemment, sur la structure même d’une église, d’où son nom Saint-Martin. Cocasse situation.

 

Pour l’amour des gossottes

Autre élément clé de l’influence du protestantisme : la pierre aux poissons, une table où les pêcheurs exposaient le fruit de leur labeur. Il se dit que c’est sur cet ouvrage que Guillaume Farel, l’un des premiers prédicateurs de la réforme à Montbéliard, a harangué la foule de ces idées nouvelles, qui aboutiront à la conversion totale du comté à la fin des années 1530. Outre ce vestige classé aux Monuments Historiques, le bourg des Halles, qui fût pendant longtemps le théâtre de fêtes fastueuses – à l’image de la fameuse Saint-Martin, où on venait tuer le cochon chaque début novembre –, se démarque par une architecture imposante qu’on se plaît encore à observer, à l’image des halles que le duc Frédéric de Wurtemberg modernisa et remodela à la Renaissance, en remplaçant le bois par de la pierre de taille calcaire du plus bel effet. Poumon économique de la ­commune pendant des dizaines d’années, ce bourg était même considéré comme une ville dans la ville, puisqu’il était carrément fortifié ! Autre élément de son pouvoir d’attraction. A ses côtés, deux autres quartiers méritent également le détour. D’une part, la Neuve-Ville, aux rues parallèles et ses districts dans la droite ligne de la Renaissance, ainsi que sa magnifique église Saint-Maimboeuf. De l’autre, le bourg du Château, avec notamment ses indémodables gossottes, des passages presque secrets. Sans oublier des maisons aux façades plutôt minimalistes, mais à la profondeur souvent immense, petit subterfuge trouvé par les nombreux artisans qui peuplaient alors ce quartier, surtout des tanneurs, pour ne pas payer trop de taxes. Enfin, le château des ducs de Wurtemberg, imposante bâtisse avec notamment sa superbe tour Henriette, est le lieu idéal pour finir une balade pas comme les autres dans une ville pas comme les autres.

 

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