C’est par les presqu’îles de Zélande, enclave hollandaise en territoire belge, que nous commencerons notre périple. Une fois passé Anvers et avoir suivi l’autoroute de Bergen-op-Zoom, nous arrivons à Middelburg, notre première halte aux Pays-Bas. Un parking au milieu d’immeubles [GPS : (N) 51°29'27”/(E) 3°36'58”] nous rend service – les difficultés pour se garer se confirmeront par la suite – et nous permet d'atteindre rapidement le centre-ville, longeant le canal bordé de maisons sur l’eau.
Le cœur de Middelburg est très agréable et nous met dans l’ambiance, avec le vaste marché qui occupe la place, où l'on a dégusté différents goudas aux parfums étonnants. Belle entrée en matière, au pied du beffroi de l’hôtel de ville aux fenêtres gothiques et toiture aux surprenantes lucarnes, qui du haut de ses 55 m, veille, depuis 1452, sur la place. Puis il faut se perdre dans les ruelles, longer un canal et suivre les anciennes douves qui mènent à un beau moulin… pour profiter pleinement de cette petite ville.
La petite route N288 qui remonte jusqu'à Westkapelle, lieu du débarquement allié (1er novembre 1944), est protégée par une digue de 7 m de haut ! Des plages de sable à perte de vue, quelques tankers en route pour Rotterdam passent au loin. Malgré un vent solide, les cyclistes sont nombreux. Le vélo est ici un art de vivre. Nous découvrirons partout de véritables pistes dédiées, séparées de la chaussée, sécurisées. Après Dombourg, nous atteignons Veere, notre coup de cœur de la journée. Un petit port charmant avec son pont à balancier – pour laisser passer les voiliers –, ses ruelles fleuries et une place verdoyante, l’endroit idéal pour déguster l’Apfeltoorta met slagroom (le gâteau aux pommes et à la crème fouettée), au café-restaurant Waepen. Ne manquez pas son beffroi à bulbe, surprenant aux Pays-Bas, ses belles maisons aux façades à redents ainsi qu’une curieuse tour de bastion transformée en habitation.
Toute cette région jusqu’à Rotterdam a été quasiment gagnée sur la mer. Les premiers polders ont été élaborés dès le XIVe siècle en pompant l’eau (d’où l’utilité des fameux moulins). Puis des digues, pour relier les îles entre elles et des barrages, afin de contrôler les courants trop violents et se protéger des tempêtes (comme celle de 1953). Rhin, Meuse et Escaut se jettent ici et les étendues de terre sont souvent situées au-dessous du niveau de la mer ou à moins de 5 m d’altitude. Pour rejoindre notre bivouac, nous empruntons le barrage de l’Escaut oriental, qui mesure 3 km de long, accessible aux voitures et aux vélos.
Le village de Goedereede possède un parking parfait pour stationner [GPS : (N) 51°49'10”/(E) 3°58'35”].
Vous êtes à deux pas d’un clocher imposant, pour un village aussi modeste, et d'un immanquable moulin. Les ruelles qui se dirigent toutes vers la place permettent de finir la journée en terrasse.
Delft, la ville de Veermer
D'une île à l'autre, nous parvenons à Delft. Des camping-caristes y ont découvert un parking calme et gratuit en face d’un canal [GPS : (N) 51°58'55”/(E) 4°22'39”] et à 45 minutes à pied du centre-ville.
De jolis ponts en dos d’âne franchissent les nombreux canaux. Comme partout, les cyclistes sont nombreux et la vigilance s’impose quand on veut traverser. Tranquillement, on arrive sur la place du Markt, dominée par un donjon du XVe siècle. Juste à côté de l’hôtel de ville, on peut encore voir le “poids public” où était vérifiée la masse des denrées vendues, ainsi qu’une curieuse halle aux viandes, décorée en façade par deux têtes de vaches.
Nous suivons l’Oude Delft, le vieux canal ombragé par des tilleuls qui longe des maisons aux belles façades comme celle de la Compagnie des Indes orientales avec sa girouette en forme de navire. Après les époques de croisades et grandes découvertes, les Pays-Bas s’engagèrent dans le commerce international en créant des comptoirs en Asie. La richesse de la ville développa le mécénat qui fit éclore de nombreux artistes, dont Johannes Vermeer.
Au centre culturel qui lui est consacré, on découvre le peintre, ses œuvres et la vie quotidienne dans la Delft du XVIIe siècle. Il est connu pour ses pigments bleus uniques (que l’on retrouve dans quasiment tous ces tableaux). Veermer n’a peint que 36 toiles, mais on a en mémoire son célèbre tableau La Laitière. Un seul regret, les œuvres exposées sont des copies, mais sachez que La Jeune Fille à la Perle vous attend au Mauritshuis de La Haye, à un quart d’heure de route. Avant de nous y rendre, d'abord un détour par la Maison du conseil des eaux, une ancienne demeure patricienne à la superbe façade gothique brabançon.
La Haye et au-delà…
Nous laissons notre camping-car au terminus de la ligne N° 2 du tram [GPS : (N) 52°5'42”/(E) 4°22'52”], à Leidschendam, pour nous rendre à La Haye.
La station Spui en marque le centre-ville, importante voie piétonne, commerciale et culturelle. Le Binnenhof, immense château entièrement construit en briques fait face au Plein, la place la plus branchée de La Haye. Dès qu’un rayon de soleil émerge, à la sortie des bureaux, les terrasses se remplissent et les verres s’entrechoquent.
Manque de chance, la forteresse est en phase de rénovation, mais l’on peut apprécier son reflet dans le Hofvijver, l’étang de la cour. Alors nous remontons la promenade Lange Voorhout. Charles Quint fit planter les premiers arbres de ces larges allées, les ambassades s’y installèrent, puis des palais, des administrations. Après ce voyage dans l’architecture des XVIIIe et XIXe siècles, nous rejoignons le musée Mauritshuis. Dans ce superbe bâtiment (1640), nous avons un aperçu de la peinture flamande du siècle d’or (XVIIe siècle). Rembrandt, Rubens, Veermer, Pieter Claesz, Steen…
D’autres couleurs nous attendent dans notre bivouac du soir. Près de Noordwijkerhout, juste après Leiden, nous découvrons un parking [GPS : (N) 52°16'42”/(E) 4°30'5”] pour passer la nuit. Un petit lac, un bar -restaurant et d’immenses champs de tulipes.
Entre mi-avril et début mai, ne manquez pas la route qui passe par De Zilk, Vogelenzang et Bennebroek, d'autres grandes étendues florales et multicolores s’offriront à vous. L’endroit est unique.
Nous nous rendons à Haarlem où nous garons notre camping-car, sur un Park and Ride [GPS : (N) 52°23'7”/(E) 4°40'11”], puis prenons un bus qui nous permet d'atteindre la gare centrale.
L’éternelle Grote Markt est à 10 mn, occupée par un marché alléchant. Nous testons le hareng mariné. En barquette ou en sandwich, c’est moelleux à souhait et donne envie de goûter aux autres poissons.
Le marché aux fleurs est particulièrement photogénique avec en arrière plan les maisons traditionnelles. Ne manquez pas la halle aux viandes (XVIIe siècle) de style Renaissance flamande et sa superbe façade. Tout autour, des échoppes de bijoutiers ont remplacé celles des bouchers. A côté, la cathédrale Saint-Bavon se distingue par sa tour lanterne en bois. L’intérieur propose une magnifique voûte en étoile, c’est ici que repose Frans Hals. Nous découvrons les œuvres de ce peintre dans un musée qui porte son nom, installé dans un ancien hospice de vieillards. A l’intérieur, les salles s’ordonnent autour d’une cour d’honneur. L'une d'elles est consacrée aux tableaux représentant les réunions des officiers du corps des archers (la milice de la ville au XVIIe siècle). Ne manquez pas les œuvres de Jordaens, qui montrent le peuple sous un jour surprenant, ni les compositions florales qui agrémentent cette visite.
Profusion de couleurs
Nous retournons à notre bivouac situé à 6 km du fameux jardin botanique Keukenhof. On nous a conseillé d’y être de bonne heure (un million de visiteurs en quelques mois), floraison oblige. Dans ce parc boisé de 32 ha, des centaines de massifs de jacinthes, narcisses et… tulipes en font une palette de couleurs absolument incroyable. Avec le vert des pelouses et les jeux de lumière à travers les feuillages, l’effet est extraordinaire. Une exposition d’orchidées, un petit moulin et quelques fontaines agrémentent la promenade.
Pour terminer ce périple, nous choisissons de rentrer par les étangs de Loosdrecht, au nord d’Utrecht. Le château de Haar se mire dans ses douves. Edifice en briques, flanqué d’étonnants volets rouges et blancs et de tours à clochetons, c’est le plus grand kastell des Pays-Bas. Son parc aussi est attrayant. Une belle halte avant de rejoindre le parc national de la De Hoge Veluwe, ancien domaine cédé à l’Etat hollandais.
Nous prenons donc la route d’Arnhem puis la N304 pour Otterlo. On peut se garer près du terrain de football et rejoindre à pied l’entrée du parc. Commencez par visiter le musée Kröller-Müller avant d'aller vous promener. Pour découvrir les quelque 5 500 ha du parc, nous vous conseillons de louer, à l’entrée, les vélos hollandais. Grâce à la carte, qui vous est remise avec votre ticket, vous découvrirez des paysages très variés : futaies de chênes et de hêtres, bois de pins, landes couvertes de bruyères ainsi que des dunes sablonneuses. Il est possible d’observer des cerfs et on y a même croisé une laie avec ses marcassins !
Avec son architecture particulière, son histoire commerciale et ses artistes, les Pays-Bas méritent vraiment un voyage plus poussé.
A VOIR A FAIRE
- Découvrir le marché aux fromages d’Alkmaar (chaque vendredi, d’avril à septembre), qui ouvre à 10 h (arrivez de préférence une heure avant, pour bien voir).
- Admirer les alignements de moulins de Kinderdjik (près de Rotterdam).
- Visiter Leiden (Leyde) et boire un verre sur les anciennes péniches, près du pont couvert.
- Contempler les vitraux de l’église Saint-Jean, à Gouda.
- Faire une halte à Edam (au nord d’Amsterdam, où vous ferez également étape si vous disposez d'encore un peu de temps), la ville du fromage, ruelles pavées, ponts à bascule…
- Suivre (par beau temps) la petite route entre Haarlem et Bergen, pour découvrir des plages sauvages.
- S’extasier devant les œuvres de Van Gogh (2e collection au Monde) au musée Kröller-Müller.
- Acheter des bulbes de fleurs sur l'un des nombreux marchés (Haarlem, Middelburg…).
- Profiter du calme de Marken (pas loin d’Edam), un village oublié du temps, au bout d’une presqu’île, au milieu des canards et des moutons.
Infos pratiques
- Formalités : carte d’identité ou passeport, carte européenne d’assurance santé et papiers du véhicule.
- Quand y aller : pour les champs en fleurs, de mi-avril à mi-mai ; l’été pour visiter le pays.
- Monnaie : l'euro.
- Routes : excellent réseau y compris les petites routes. Ne pas hésiter à les emprunter et à “se perdre” (éteignez votre GPS !). Autoroutes gratuites. Gasoil : entre 1,87 et 2,05 €/litre (avril 2022).
- Bivouacs, services : officiellement le bivouac sauvage n’est pas autorisé. Nous avons choisi des endroits discrets et nous n’étions pas les seuls. Vidanges dans les aires et campings.
- Langue : le flamand. L’anglais est parlé partout et de nombreuses personnes connaissent aussi la langue de Voltaire.
- Téléphone, Internet : le téléphone mobile passe partout, communications comprises dans votre forfait. Accès Wi-Fi dans les zones signalées (places de villes).
- Coût de la vie : les produits alimentaires sont au même prix qu’en France. Les marchés sont très intéressants pour se ravitailler. Au restaurant, un plat vous reviendra entre 10 et 15 €. Les petits kiosques à poissons que l’on trouve un peu partout permettent de déjeuner à moindres frais.
- Bière : de 3 à 6 € en fonction de la marque, du lieu et… de l’heure.
- Campings : environ 45 € (2 personnes et camping-car). Les aires sont moins chères et pratiques (de 15 à 30 € pour 2 personnes)
- Musées : 19 € pour le Keukenhof (+ 6 € de parking quasi-obligatoire, tant c’est difficile de se garer) ; 18 € pour les musées de peinture. Visiter des églises est payant (de 8 à 10 €).
Guides et cartes :
- Guides du Routard Amsterdam et ses environs
- Guide Vert Michelin Pays-Bas
- Aires de camping-car Europe chez Facile Média
- Carte Michelin N° 715 Pays-Bas