Après avoir parcouru les côtes est et sud de la Turquie, nous entrons dans les terres pour explorer la province anatolienne. En mettant cap au nord, on quitte la Turquie très urbaine et “européenne” pour traverser des villages authentiques nichés dans des paysages quasi extraterrestres.
En quittant Sidé par la route D695, nous montons rapidement vers Konya, à 1 500 m d’altitude. L’air est évidemment plus frais que sur la côte, et notre première étape au bord du grand lac Beyşehir nous oblige à mettre un peu de chauffage pour la nuit. Pour s’installer sur la zone aménagée, il faut payer un modeste droit d’entrée, mais vous ne le regretterez pas. Dès le printemps, les rives du lac pullulent d’hirondelles et de guêpiers aux couleurs chatoyantes. Le cadre est charmant et le coucher de soleil sur les montagnes enchanteur. En plein été, l’ambiance est moins relaxante du fait de la mosquée de plage, des bars et des supérettes qui s’animent alors.
Konya, la cité des derviches tourneurs
Au centre du plateau anatolien, Konya est la ville turque la plus conservatrice d’un point de vue religieux. Les femmes que l’on croise portent toutes le hijab, voire un niqab. Toutefois, les touristes ne sont nullement stigmatisées quand elles se promènent tête nue. Seules les visites des mosquées imposent le port du voile pour les femmes. Les hommes aussi doivent se soumettre à un code vestimentaire : jambes et bras doivent être couverts. Et il convient de se déchausser.
La ville est très agréable. Mais attention aux températures élevées qui peuvent y régner dès le mois de mai et durant tout l’été. On visite avec grand plaisir le musée des sculptures situé dans une très belle ancienne école coranique, la colline Alaaddin et les tombeaux des sultans seldjoukides, les multiples mosquées et le tombeau de Mevlâna Tekkesi – qui fonda la confrérie des derviches tourneurs au XIIIe siècle. Se rendre au grand bazar est une étape essentielle pour se baigner dans la culture orientale. Au sein de ce lieu très authentique, on flâne entre les échoppes d’où s’échappent de délicates fragrances de café moulu, de pépites grillées et d’épices. On y croise des serveurs portant des plateaux remplis de verres de thé avec une agilité remarquable. Notre déambulation nous mène au quartier des bouchers où les étals foisonnent de foies, cœurs, tripes, têtes et pattes de bœufs et de moutons fraîches ou séchées. Les gastronomes se laisseront sans doute tenter pour goûter un kokoreç (prononcez kokoretch), spécialité turque composée de boyaux frais d’agneau et d’abats. Les autres se rabattront sur le tender kebab : une viande d’agneau cuite si longtemps au four que l’on peut la découper à la cuillère. On accompagnera ces plats d’un ayran battu, du lait fermenté allongé d’eau un peu salée. Etrange, mais désaltérant ! Oubliez tout ce qui boisson alcoolisée, car à Konya, les règles de l’islam sont strictement observées.
Si la ville est beaucoup fréquentée par les touristes, c’est à cause de ses merveilles architecturales ainsi que des célèbres derviches tourneurs. Chaque soir, on assiste au sema, leur fameuse danse où ces hommes tournent indéfiniment sur eux-mêmes. La salle de représentation est si grande que vous ne rencontrerez aucune difficulté pour y trouver une place. La cérémonie est très codifiée. Quand l’orchestre commence à jouer, les danseurs se mettent peu à peu en mouvement, suivant le rythme de la musique pour finir dans un tourbillonnement endiablé et envoûtant.
D’un point de vue pratique, Konya dispose d’une aire de camping-cars dotée de tous les services. Il est aussi possible de stationner sur l’immense parking du centre culturel. On est alors aux premières loges pour assister au sema. Seul petit bémol, la place est proche d’un minaret d’où les mélopées du muezzin s’élèvent assez fortement… Vous voilà prévenus !
Bivouaquer dans le cratère des volcans
Après Konya, nous empruntons la D330 en direction de l’est pour aboutir sur un splendide plateau volcanique aux paysages lunaires. Le Meke Gölü est un lac de cratère encerclant un cône volcanique, dont il ne reste plus qu’une flaque rose, étant malheureusement asséché. Le paysage est malgré tout superbe. En se promenant dans ce “lac”, on a l’impression d’arpenter le sol martien. En cas de vent violent – qui empêche de passer la nuit au bord du volcan –, il faut reprendre la route sur quelques kilomètres et aller se garer près du lac Acigöl. Il s’agit d’un autre cratère qui est, lui, rempli d’eau et abrité des rafales. Beaucoup de Turcs y bivouaquent pour faire quelques barbecues. Le grand sens de l’hospitalité de la population fait qu’il est probable que vous soyez invités à déguster une viande grillée.
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