Pour se tailler un chemin dans le massif des Ardennes, n’hésitez pas à suivre la Meuse, qui trace un sillon à travers le relief et offre bien souvent un spectacle naturel à couper le souffle. En quittant la ville de Sedan, dans l’ombre de la plus grande forteresse d’Europe, le fleuve serpente timidement vers le nord, à travers les pâturages. Des collines verdoyantes s’élèvent dans le proche horizon. On croise alors la route du châteaux du Faucon, à Donchéry, puis celui de Bellevue, à Glaire. Sous l’éclat d’un soleil généreux, le tableau a décidément de quoi “adoucir” l’image des paysages ardennais, souvent assimilés aux grands conflits historiques ou un âge d’or industriel à présent révolu.
Les premiers grands méandres que forme la Meuse se trouvent à Charleville-Mézières. D’ouest en est, le fleuve y décrit trois boucles avant de reprendre la direction du nord. Il forme au passage la presqu’île du mont Olympe, coupant alors la ville en deux. Et c’est ainsi qu’il fit office, jusqu’au XVIIe siècle, de frontière naturelle entre le Saint-Empire romain germanique et la France.
Il est intéressant de faire une pause à cet endroit pour se pencher sur l’histoire de Mézières et de Charleville, deux villes qui n’en forment qu’une depuis 1966. Ancienne cité marchande au IXe siècle, la première à laisser émerger la seconde après les guerres de religion. C’est le prince italien Charles de Gonzague (Charles Ier de Mantoue) qui érigea la ville au XVIIe siècle. De là, “Charles-Ville” tire ces plus beaux joyaux architecturaux, notamment la place Ducale, une fascinante réplique de la place des Vosges, à Paris. L’ensemble bâti en pierre de Dom-le-Mesnil – ou “pierre du soleil” en référence à sa couleur jaune ocre – est surplombé par un beffroi, du haut duquel s’offre une vue sur les toits d’ardoise, signature de ce territoire schisteux. D’ailleurs, les Ardennes possédaient d’importantes ardoisières jusque dans les années 70, dont les villages de Deville, Fumay, Haybes (situés un peu plus au nord) en ont conservé les empreintes. Et ont conservé quelques traces d’une industrie autrefois prospère, essentiellement orientée métallurgie, fonderie, forge et estampage – le marteau fait encore écho à Monthermé. La Meuse se fraye ensuite un chemin dans le massif forestier. On pénètre alors dans la partie la plus bucolique du parcours, celle des vallées verdoyantes. Celle qui permet aussi de prendre de la hauteur, pour admirer de fantastiques panoramas, ou de se balader en forêt.
Admirer les méandres de la Meuse
Sur la rive gauche de la Meuse, les rochers des Grands Ducs (227 m de hauteur) offrent une vue imprenable sur Joigny-sur-Meuse et Nouzonville. Commence alors la route des légendes ardennaises dont le mythe, à l’image de celles des “quatre fils Aymon” fuyant sur le cheval Bayard (Bogny-sur-Meuse) ou des “dames de la Meuse” transformées en pierres (Fumay), résonne dans toute la vallée.
A hauteur de Monthermé, le fleuve encercle le massif et reçoit les eaux de la Semoy. Ce méandre, qui décrit un arc de cercle, est considéré comme l’un des plus beaux de France. Il faut monter sur les hauteurs de la ville pour en admirer la splendeur, tôt le matin ou tard le soir, lorsqu’une brume mystérieuse flotte au-dessus de la vallée. On se trouve sur le plateau qui offre des itinéraires propices aux balades, sur les Hauts-Buttés, au cœur du Parc naturel régional des Ardennes. D’ici, on peut partir en randonnée jusqu’au maquis de la Croix-Scaille (8 km), un domaine forestier de 9 000 ha où s’est installé le maquis de résistance en 1944. En camping-car, il faudra contourner le massif par le village Les Hautes-Rivières et Gedinne (en Belgique).
De retour dans la vallée, on suit les lacets de la Meuse. La route conduit aux jolis villages de Deville, Laifour, Revin… C’est l’endroit propice pour s’adonner aux activités de plein air, à vélo par exemple, à découvrir les villages et leur patrimoine, comme les tunnels de Revin et Ham-sur-Meuse, les anciens chemins de halage – aujourd’hui transformés en belles pistes cyclables –, le canal et ses écluses, le pont-levis d’Aubrive, les ponts qui enjambent le fleuve et le port fluvial de Givet (sa citadelle vaut également le détour).
C’est ici que s’achève notre parcours. La Meuse, quant à elle, poursuit son parcours jusqu’en Belgique puis au Pays-Bas, avant de se jeter dans la mer du Nord.
STATIONNER EN CAMPING-CAR
- Charleville-Mézières. Le camping municipal du Mont Olympe est bien entretenu et pratique pour visiter la ville. Tarif pour les camping-cars : 12,70 €/jour + 4,60 €/jour/adulte. Il existe aussi une aire gratuite devant le camping (8 emplacements, mais aucun service) GPS : (N) 49°46'44”/(E) 4°43'14”.
- Revin. Aire de camping-car ouverte toute l’année, située au parking du port, au bord de la Meuse, à proximité des commerces (50 m), du centre-ville (1 km). 12 places de stationnement délimitées. La vidange des eaux grises et noires est gratuite. Comptez 2 € pour 100 l d’eau (bouton-poussoir) ou 1 heure d’électricité (à régler à la borne, par carte bancaire). GPS : (N) 49°56'23”/(E) 4°38'19”.
- Givet. Rue Berthelot, aire municipale qui ne fait pas l’unanimité, mais qui dispose d’une borne pour vidanger et faire le plein d’eau (3 €). Pour stationner, une agréable aire aménagée en bord de Meuse peut accueillir jusqu’à 25 camping-cars. Il n’y a pas de services, mais le cadre est très, notamment la vue sur la ville et la citadelle en contre-haut. GPS : (N) 50°8'37”/(E) 4°49'32”.
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