"8 semaines, 55 jours. Comme le fameux film Les 55 jours à Pékin, ou... 55 jours confiné avec Marguerite, mon camping-car de moins de 6 m, dans la Nièvre. Ce n'était pas une prison, c'était une expérience enrichissante. Je ne pensais pas que j'en aurais été capable. Vous imaginez boire, manger, dormir, travailler, regarder la télévision sur le Net pendant 55 jours dans 5 m2 moi qui suis habitué à un appartement de 90 m2, à être entouré d'étudiants, de copains, de parapente. Habitué à voyager, je ne l'aurais jamais imaginé et pourtant, par la force des choses, cela fut ainsi et si cela devait se refaire, je le referais car en fait rien n'est difficile si l'esprit accepte, si le mental est là. Pour que le mental accepte, il faut que le corps soit en pleine forme et les heures de sortie en forêt m'ont beaucoup aidé à tenir bon. Je rendais grâce à ces hommes et ces femmes qui, dans leurs blouses blanches, s'éreintaient à garder ce qu'il y a de plus précieux : la santé, la vie.
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Cette santé et cette vie juteuse, que je ressentais profondément dans chaque battement de mon coeur, dans chaque rayon de soleil à travers les feuilles et les branchages, instants magiques que j'avalais en ne laissant tomber aucune goutte. Oui, arbres, forêts, chemins pierreux, et au-dessus, nuages nonchalants dans un ciel d'un bleu pur, j'ai aimé vous contempler jour après jour, j'ai aimé jouir de ce spectacle simple que je n’aurais jamais regardé avant… En contemplant ce ciel et ces rues de nuages, que d'ordinaire j'aurais tenté de suivre avec ma voile de parapente, je me suis aperçu que ce confinement brutal me permettait de profiter d'avantage de chaque seconde, de chaque instant de liberté. Jour après jour, semaine après semaine, au gré des annonces gouvernementales, j'ai arpenté ces sous-bois glissants, et à chaque instant je mesurais à quel point j'avais de la chance, je mesurais à quel point le fait d'être en vie, d'être et de respirer, était un privilège. J'ai tiré mon énergie de cette chance que j'avais de ne pas être sur un lit d'hôpital.
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Ce confinement dans un si petit espace m'a appris que l'on pouvait se contenter de peu si la santé était là. Plus que l'impossibilité géographique de se déplacer avec son camping-car, plus que la liberté réduite au strict minimum, c'est bien cette capacité de dire, écrire, échanger discuter par clavier interposé qui est le plus important. Et je remercie Camping-Car Magazine de m’avoir donné cette possibilité d’expression.
L'homme n'est pas un animal qui n'a besoin que de nourriture pour vivre. Il a besoin de pouvoir penser librement et s'interroger. J'ai, seul, terriblement vécu intensément. Alors, j'oserais presque le dire du bout des lèvres : merci au confinement."