Il est un rien chouette, cet orange pas pressé qui conduit Patrice et Véronique, ses propriétaires, aux rassemblements d’anciennes ou en vacances, où le Malibu fait toujours son effet. Pourtant, il revient de loin ! Il y a deux ans, lors de son achat, le T3 fait pâle figure avec son mobilier défraîchi, sa sellerie déchirée et sa carrosserie façon gruyère. Notre amoureux de Volkswagen T3 cherchait alors un Transporter aménagé et, surtout, homologué VASP. Mais pas de Westfalia ni de Font Vendôme, trop communs à son goût. Ce Malibu trouvé sur Leboncoin lui tape donc dans l’œil, malgré son état pitoyable. Il n’est pas le seul sur l’affaire : harcelé par des “marchands de tapis”, le vendeur ne répond plus aux messages. C’est par des biais détournés que le contact et l’affaire se feront… Patrice ne connaît pas alors la rareté de l’engin, mais il s’en rend compte à l’aulne de recherches infructueuses.
Aux origines de Carthago
L’histoire reste pourtant assez simple. En 1979, Karl-Heinz Schuler, jeune ingénieur, vient de terminer son cursus et créé Carthago à Ravensburg, ville de l’extrême sud de l’Allemagne. L’idée lui serait venue à la vue d’un van qu’il jugea perfectible. Il conçoit en premier lieu des aménagements sur mesure, sans distinction de base. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il se spécialise sur Volkswagen Transporter. Schuler développe le Malibu Hit. Pour aménager icelui, il dessine un mobilier quelque peu inspiré de celui de Westfalia, du moins dans la disposition : la cuisine se trouve derrière le siège conducteur, des rangements la prolongeant jusqu’à l’arrière. La table et son pied, amovibles, trouvent deux points d’ancrage, à l’avant vers la cabine ou plus en arrière, afin de desservir la banquette rabattable. Enfin, un bloc faisant également office de pouf abrite un WC portable. Logiquement positionné derrière le passager, il n’est toutefois pas fixé au plancher. Si l’intérieur ne varie pas, le van se décline en quatre versions, reconnaissables à leur couvre-chef. Le Hit I reçoit un grand toit champignon plat courant sur la longueur de l’habitacle, hors poste de conduite, le Hit II un plus classique toit relevable avec une galerie intégrée dans sa partie avant non mobile (définition du modèle en photo, qui sera complété par une version au toit plus haut), le Hit III est gréé avec une grande rehausse et, enfin, le Hit IV dispose, comme le I, d’un toit champignon, mais uniquement au niveau de sa partie centrale, à l’endroit des porte coulissante et cuisine.
Carthago doit tout au malibu
Le succès, espéré, est au rendez-vous et Carthago prend de l’envergure : en 1986, l’effectif s’établit à dix personnes (trois fois plus que quatre ans plus tôt), l’année suivante, l’usine déménage à Schmalegg, à quelques kilomètres à l’ouest de Ravensburg, dans des locaux de 900 m2 (200 m2 auparavant) qui finiront par atteindre 2 400 m3 en 1989. À l’orée des nineties, alors que le Malibu sur T4 est présenté, Carthago devient le deuxième aménageur européen sur Volkswagen, derrière l’indétrônable Westfalia. Une success-story qui prend une autre direction en 1999, quand la marque décide de se lancer dans la cellule, avec de petites capucines – sur Transporter, toujours –, puis des profilés et intégraux sur Mercedes Sprinter ou Iveco Daily. Ces derniers finissent par avoir raison des vans à toit relevable : la gamme Malibu est arrêtée en 2001. Elle ne réapparaîtra qu’en 2013, telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Un modèle rarissime
Le Malibu Hit II de Patrice est l’un des deux exemplaires connus en France, le modèle n’ayant jamais été officiellement importé. Une exclusivité qui a poussé notre homme à le restaurer à l’identique (seuls les réfrigérateur et réchaud sont plus modernes), faisant tout lui-même : carrosserie, peinture, mécanique, mobilier, sellerie dont la toile de toit… La remise en état s’étale sur dix-huit mois avec un seul impératif, pouvoir profiter de son van. Donc pas d’économie de bouts de chandelle ni, a contrario, de volonté d’état concours avec, au final, un joli petit van qui égaye la route de sa couleur chatoyante et de ses pétarades mécaniques.