Avant d’être ce que je suis, j’ai joué dans les ruines d’un Empire et la poudre de ses marbres a coulé dans mes doigts d’enfant. Elle m’a peut-être enseigné à prendre les mesures des siècles », écrivait l’académicien André Chamson dans son roman Le chiffre de nos jours. Il était avant tout un enfant du pays, Nîmois de naissance, passionné d’histoire. Et d’histoire, la cité gardoise n’en manque pas.
Nîmes, en plein après-midi. Le soleil tape sur les façades colorées. Avec ses 300 jours de soleil par an, il faut dire que la ville ne manque pas de chaleur ni de lumière. Un atout majeur. A toute heure de la journée, les terrasses des cafés sont occupées. En déambulant dans les différentes artères de la ville, les traces de l’histoire s’offrent à tous les visiteurs, même à ceux qui s’y intéressent peu. Impossible de rester insensible face à ces monuments qui ont traversé les siècles, résistant au temps, aux agitations… Aujourd’hui encore, ils ont toujours beaucoup de choses à dévoiler.
Nîmes a vu le jour en 500 av. J.-C., avec l’installation de la tribu celtique des Volques Arécomiques autour de la source sacrée Nemausus. C’est de ce nom que vient celui de Nîmes. Au cours du Ier siècle, les Romains se sont emparés de la totalité de la région. Dès lors, Nîmes devient une ville importante de l’Empire romain. Durant le règne de l’empereur Auguste, les plus beaux et imposants monuments vont être construits. La romanité a donc forgé l’histoire de ce territoire.
Vestiges du passé
Ils sont là. Encore bien conservés et visibles par tous. Ces monuments antiques, en très bon état, perdurent dans le temps. Tous attendent les visiteurs à qui seront contées leurs innombrables histoires. L’amphithéâtre de Nîmes compte parmi les plus grands et les mieux conservés du monde romain. Peu après la construction du Colisée de Rome, l’amphithéâtre fut érigé pour héberger les combats de gladiateurs et d’animaux. Ce monument de forme elliptique mesure 21 m de haut et 133 m de long. A cette époque, il pouvait accueillir environ 24 000 personnes qui occupaient leur place en fonction de leur rang social. Grâce à la disposition des gradins, chaque spectateur avait néanmoins une bonne visibilité sur l’aréna, piste sur laquelle se déroulaient les spectacles. Imaginez l’ampleur de ces événements, la foule déchaînée, les représentations généralement sanglantes.
A quelques pas des arènes, se trouve la Maison Carrée. Ce temple romain dédié au culte impérial a été édifié sous le patronage de l’empereur Auguste, en l’honneur de ses petits-fils adoptifs Caius et Lucius Caesar. Ce monument servait de forum. Autrement dit, le cœur économique, politique, administratif et social de la cité. Le terme de Maison Carré sera employé bien plus tard, au XVIe siècle, pour désigner ce temple aux quatre angles droits. Après l’Antiquité, les monuments présentés ont traversé les siècles en résistant aux différents aléas de l’histoire. Dans un souci de transmission, les descendants de la cité nîmoise et du royaume de France ont choisi de maintenir et de préserver les vestiges romains.
Hommage à l’Antiquité
Louis XV voulait revenir à l’origine même de la ville de Nîmes. C’est-à-dire à la source Nemausus. Le roi confia donc à Jacques Philippe Mareschal, son ingénieur, un projet bien particulier : celui de créer un jardin à la française tout en mettant en scène la source originelle et les vestiges antiques.
Ces différents lieux et monuments ont été réhabilités au cours du temps. Tous s’inscrivent dans le patrimoine de la ville. La visite peut se faire à pied, en passant par les Jardins de la Fontaine, en découvrant le temple de Diane, etc. L’ascension en direction de la Tour Magne mérite également le détour.
Tradition et modernité sont aussi les concepts développés aujourd’hui par la municipalité. Cette dernière a fait appel à des architectes de renom, comme Elizabeth Portzambrac et Norman Foster, pour édifier des bâtiments modernes qui contrastent harmonieusement avec les monuments antiques.
Pour souffler un peu après cette brève initiation à l’histoire nîmoise, attardez-vous sur une des nombreuses terrasses de restaurant. Dégustez un pélardon, un des fromages de chèvre de la région. Ressentez le mistral qui effleure vos nuques découvertes. Profitez du Sud, découvrez Nemausus.