Longer la côte Ligure, en Italie, en camping-car

Partons à la découverte de la côte Ligure. De Ventimiglia aux fabuleux Cinque Terre, nous allons de villages perchés en stations balnéaires jusqu’à la ville de Gênes, en oubliant l’autoroute. Profitez de cette exceptionnelle région à quelques encablures de notre frontière.

 

  • © Jean-Marc Boudot
© Jean-Marc Boudot

Après avoir entrevu la Grande Bleue, passé Ventimiglia, nous suivons la SP548 pour notre première nuit à Camporosso*, avant de remonter la vallée de la Nervia. A quelques kilomètres de là, Dolceacqua se love dans un méandre de la rivière. Sitôt franchi un pont médiéval, nous pénétrons au cœur d’un labyrinthe de ruelles voûtées et de passages couverts où les rayons du soleil ne parviennent pas à pénétrer. On se croirait dans la kasbah d’Alger de Pépé le Moko. Sortis de ce dédale, nous éprouvons l’envie immédiate d’y retourner pour y retrouver cette étrange sensation, cette plongée dans un monde mystérieux. Le petit détour par Rocchetta Nervina ne manque pas non plus de cachet, avec ses maisons colorées, serrées les unes aux autres. Une promenade a été aménagée le long de la rivière. Par forte chaleur, nombreux sont les randonneurs à se rafraîchir en plongeant dans des “marmites de géant” aux eaux translucides.

Nous poursuivons à Isolabona. Perché sur son îlot rocheux, ce petit bourg de montagne est une halte agréable. Nous stationnons sur un parking bien plat, à deux pas du vieux château qui veille sur le village.

Un peu plus à l’est, nous découvrons Apricale, sans doute l’un des plus spectaculaires villages de la région. Impossible d'y stationner. On se garera plus loin avant d’y venir en deux-roues.

Notre itinéraire improvisé nous mène ensuite à Pigna, le plus gros village de la vallée. Vous y trouverez un beau parking près du stade de foot*, quelques commerces et surtout des thermes, connus depuis l’Antiquité. La piazza Castillo est également très plaisante. La route qui monte vers le col de Langan et Molini di Triora est assez dégradée et très étroite. Et la végétation qui envahit les bas-­côtés ne facilite pas la circulation. Nous conseillons aux camping-­caristes circulant avec un véhicule de plus de 6 m de long de ne pas s’y engager.

La Riviera di Ponente

La via Aurelia (SS1) sera votre fil d’Ariane. Au fil de cette route (une des plus anciennes voies romaines), sur la droite, la vue sur la Méditerranée est époustouflante et, sur la gauche, défilent les stations balnéaires. Faites une halte à Cervo. Pour y stationner, vous devrez apposer un disque bleu derrière votre parebrise. Après avoir déambulé dans les ruelles, vous arriverez en haut du village d’où vous jouirez d’une vue plongeante sur la mer. En fin de journée, nous faisons étape à Albenga, où un parking gratuit* connu des camping-­caristes italiens, nous accueille. Situé à une centaine de mètres de la mer Ligure, l’endroit est idéal et… très fréquenté. Le centre historique de la ville est dominé par des tours monumentales qui rappellent un peu celles de San Gimignano, en Toscane. Un baptistère du Ve siècle et des rues piétonnes invitent à la promenade et au farniente quand, le soir venu, une grande partie des villageois se retrouve aux terrasses des cafés.

Vingt kilomètres plus loin, Finalborgo est l’ancien village de Finale Ligure, la station balnéaire. Garez-vous sur le parking*, puis rejoignez à pied ce bourg classé parmi les Plus Beaux Bourgs d’Italie. Gagnez le château San Giovanni, puissant bastion d’origine espagnole du XVIIe siècle, construit à l’occasion du passage de ­l’Infante ­d’Espagne. Pour profiter du panorama, il faut rejoindre le village, en bas, et suivre les remparts, jusqu’à l’une des portes d’entrée décorée de fresques. Un petit détour par la collégiale San Biagio permet de se plonger dans l’art baroque.

Les hauteurs de Noli comptent un vaste parking* d’où nous pouvons admirer le village médiéval, ses remparts et ses tours. Sur la plage, des barques de pêcheurs côtoient les baigneurs. La promenade sur le front de mer au milieu des palmiers et des lauriers-roses est vraiment agréable. Ici, aucun immeuble pour vous gâcher la vue.

Loin des flux touristiques, Gênes

Premier port d’Italie, Gênes épouse le relief à la perfection : un amphithéâtre grandiose, des crêtes (où passent les fameux viaducs) jusqu’au port. République maritime, la ville s’engage dans les croisades, fonde des comptoirs en mer Noire et au Proche-Orient, et s’empare de la Corse et de la Sardaigne. La peste noire de 1358 décime la moitié de la population, mais Gênes se redresse rapidement grâce aux grandes découvertes et à l’essor du commerce.

Comme un bon nombre de villes italiennes, les Zones à Faibles Emissions sont interdites à la circulation des camping-­cars. Nous avons donc stationné le nôtre sur le parking de la gare ferroviaire Genova Pra* et gagné le cœur historique de la ville en train. En suivant les via Cairoli et Garibaldi, on découvre une succession de palais de styles Renaissance et baroque construits aux XVIe et XVIIe siècles. Pour 9 €, vous visiterez les palais Rosso, Bianco et Tursin inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. Vous serez impressionnés par les immenses pièces, la vue exceptionnelle sur Gênes, les appartements meublés dans le style des années 50…

 

Après cette étape culturelle, nous changeons de décor. Le labyrinthe gigantesque des ruelles étroites et sombres nous immerge dans un autre monde. De minuscules échoppes jouxtent des petits bars où marins et retraités se retrouvent. Quelques femmes vendent aussi leurs charmes sans que cela ne semble déranger les ménagères. Le linge sèche aux fenêtres ou sur les fils traversant la rue par un système de poulie. A chaque croisement de rues, des statues religieuses et des autels votifs -censés protéger les lieux et les habitants. Une drogueria à la vitrine hors d’âge apporte quelques parfums d’Orient. Sur une placette, une odeur de pesto (la spécialité de la ville) se dégage des fourneaux d’une petite trattoria. Une ambiance très italienne. De la cathédrale San Lorenzo, il est facile de rejoindre la porta Soprana dont les deux imposantes tours sont un des derniers vestiges des remparts moyenâgeux. Juste à côté, n’hésitez pas à déguster un petit morceau de foccace dans le petit cloître de Sant’Andrea, à deux pas de la maison de Christophe Colomb noyée sous la verdure. Vous terminerez votre journée en empruntant le bus 42 qui vous mènera au quartier de Boccadasse, sorte de Porto Fino, sans la foule. Cette minuscule plage de galets, ponctuée de quelques barques et de maisons pastel se reflétant dans la mer, est un joli lieu calme empreint de romantisme.

En route pour les Cinque Terre

Pour visiter Porto Fino, la meilleure solution consiste à se garer sur l’aire de Santa Margherita Ligure* (10 €/24 heures, bruit de la voie ferrée compris, mais c’est la solution, avec le camping, pour se rendre au village via le bus 82. La cité est charmante et très touristique. On appréciera... ou pas.

La via Aurelia s’écarte de la mer après Levanto et nous offre les superbes paysages d’un massif forestier dans un arrière-pays peu fréquenté. Les villages sont minuscules, la place manque pour bivouaquer. Fort heureusement, l’aubergiste de Bracco nous autorise à passer la nuit sur le parking de son établissement. L’hospitalité et la gentillesse des habitants resteront gravées dans nos souvenirs.

La route tournicote avant de redescendre sur La Spezia réputée pour son superbe golfe et son port militaire. On peut se garer sur le parking près d’un terrain de sport*. A la gare ferroviaire, on fait l’acquisition de la Cinque Terre Card, un titre de transport qui permet d’aller de village en village, en train, et de bénéficier des services du Parc national. On monte, on descend autant qu’on le souhaite pour accéder à l’entrée des sentiers. L’investissement est nécessaire pour visiter les cinq cités médiévales.

Nous démarrons une randonnée à Corniglia. De la gare, il faut gravir 400 marches pour atteindre ce village. Puis direction Vernazza par le sentier. Chaussez-vous bien et ne marchez pas trop le nez en l’air, le bord de la falaise n’est jamais loin. Après 2 heures, Vernazza apparaît sur son promontoire rocheux. Une tour médiévale rappelle les périodes tumultueuses de la commune. Les vieilles ruelles, porches et loggias agrémentent la visite.

Manarola, que nous rallions en train, est lovée dans un amphithéâtre de vignobles. Ce village est pourvu d’une seule rue qui descend vers une minuscule plage rocheuse. En l’absence de port, les barques sont remontées par une grue et déposées de chaque côté de la chaussée. Riommaggiore conclut notre circuit. Nous nous souviendrons du contraste entre les rochers noirs et les nuances pastel des maisons.

Un séjour dans le golfe de La Spezia ne serait pas complet sans une étape à Porto Venere. Un bus part de la place Garibaldi et vous mène au bout du golfe des poètes. Fortifié au XIIIe siècle, il a conservé de beaux vestiges. La promenade le long de la mer permet d’admirer le castello Doria et la grotte marine de Byron. L’église San Lorenzo arbore une alternance de bandes de pierres noires et blanches qui tranchent avec le bleu du ciel et celui de la mer.

Pour se rendre de l’autre côté de la baie, à Lerici, nous vous conseillons de bivouaquer à Riccò del Golfo di Spezia, à 8 km de La Spezia. Un parking gratuit*, calme et ombragé vous attend.

C’est donc à Lerici que nous concluons ce voyage. Là encore, le bus reste la meilleure solution pour gagner le centre-ville. Sa massive forteresse garde l’autre péninsule du golfe. Il fait bon se promener sur le front de mer, boire un verre sur la grande place encadrée de palmiers et de maisons colorées.

*Retrouvez les coordonnées GPS des stationnements et bien d’autres informations pratiques dans CCMag n°358.

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