Comment ne pas les dévorer des yeux ? A la frontière du beau et du magnifique, les tuiles habillant les toits des Hospices de Beaune sont, en effet, des joyaux que l’on pourrait admirer pendant des heures. Elles sont jaunes, vertes, marrons ou encore noires. En plus de leur beauté, elles racontent l’histoire du lieu, mais aussi celle de la Bourgogne.
C’est vrai que la première chose que les gens viennent voir ici, ce sont ces toits polychromes, nous confirme l’une des guides-conférencières œuvrant dans cet écrin à nul autre pareil. C’est l’identité de l’hôtel-Dieu, mais aussi celle de la région. Quand on analyse en détail les toits, c’est en fait toute la Bourgogne qui se dévoile. Les feuilles de vignes sont représentées par le jaune et le vert, le marron symbolise la terre alors que le noir est dédié à nos succulentes grappes de raisin.
A l’origine de cette institution, Nicolas Rolin, personnage singulier, bourgeois parvenu à la noblesse, qui deviendra chancelier – très fortuné – de Philippe Le Bon. Fort de cette fonction, il prendra donc l’initiative, avec sa femme, Guigone de Salins, de créer cet hôpital afin de ne pas laisser les gens dans le besoin ; ce qui était assez fréquent dans les dernières années de la guerre de Cent Ans, dans la première moitié du XVe siècle.
Avec l’hôtel-Dieu, en plus d’aider sa propre population, Nicolas Rolin avait deux autres objectifs : montrer son pouvoir et sa richesse par le mécénat, mais aussi faire preuve de miséricorde, dans le but d’obtenir, voyant la fin de sa vie approcher, sa place au paradis. Avec le recul, on peut dire que le bonhomme a réussi une partie de sa mission.
Soins et autosuffisance
A l’intérieur des Hospices, tout est bien agencé. Sobre et luxueux à la fois, l’environnement, en plus d’être fonctionnel, était même en avance sur son temps. Chouchoutés par les sœurs, les malades n’avaient pas envie de repartir, une fois remis sur pied. La première salle de soins, dédiée aux pauvres, le montre parfaitement. Grande et majestueuse, on pourrait la comparer à l’intérieur d’une église.
Le but était d’accueillir les gens comme si on recevait le Christ lui-même, nous glisse notre guide-conférencière. C’est vrai qu’en se rappelant les conditions dans lesquelles ils vivaient à l’époque, lorsqu’ils pénétraient ici, ils avaient vraiment l’impression de rentrer au paradis…
Un petit peu plus loin, une autre salle de soins, encore plus saisissante. Réservée aux plus fortunées, elle ressemble à une œuvre d’art, avec de splendides peintures. Les patients, en plus de payer leurs soins, étaient également invités à faire une donation pour que l’hôpital puisse continuer à fonctionner et à s’améliorer. Car ici, tout était fait sur place. Les sœurs s’occupaient des malades, s’affairaient en cuisine (les scènes sont reconstituées avec des œufs, du fromage ou de la viande), mais aussi à la pharmacie. Elles cultivaient les plantes médicinales pour établir les remèdes. D’ailleurs, c’est en partie dans cette optique que le domaine des Hospices Civils de Beaune va se créer, avec l’acquisition de fermes, de forêts ainsi que de plusieurs vignobles, tous classés grands crus ou premiers crus. Cela permettait, en plus de l’aspect pratique et logistique, de gagner de l’argent réinvesti dans l’hôpital. La célèbre vente aux enchères, qui a lieu le troisième dimanche de novembre, poursuit cette œuvre au profit des institutions hospitalières civiles et laïques. Mais les Hospices sont aussi devenus musée, où l’on peut admirer, entre autres, le polyptyque du Jugement Dernier, de Rogier van der Weyden.
OT : https://www.beaune-tourisme.fr/
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