Au cœur de la région naturelle du Val de Loire, se trouve l’abbaye de Fontevraud. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, elle représente le plus grand ensemble monastique d’Europe. C’est en 1101 que Robert d’Arbrissel, un moine itinérant, la fonda. Il s’y installa et y organisa une vie d’ermite, de pénitence et de travail. Il fit nommer, par ailleurs, l’abbesse Pétronille de Chemillé en 1115, pour diriger les hommes et les femmes qui y vivaient. Ceci fut la singularité de l’abbaye. Au total, 36 abbesses se sont succédés à la tête de Fontevraud, sans jamais céder la place à un homme. En 1792, en pleine Révolution française, les dernières religieuses quittent définitivement l’abbaye, mettant un terme à près de 800 ans de vie monastique. En 1804, Napoléon transforme le monastère en centre pénitentiaire. Les sinistres geôles seront définitivement fermées en 1963.
Et il faudra attendre 1975 pour que le site soit reconverti en centre culturel, institution qui perdure encore aujourd’hui. Fontevraud ne serait sans doute pas aussi connu si l’abbaye n’avait pas été la résidence de celle qui fut d’abord reine de France puis d’Angleterre. Belle, cultivée, libre et mère de dix enfants, Aliénor d’Aquitaine fascinait – autant qu’elle agaçait – la noblesse de l’époque. Elle se retira à Fontevraud en 1200, où elle fit enterrer son second époux, Henri Plantagenêt (futur roi d’Angleterre Henri II) et son fils adoré, Richard Cœur de Lion. Elle y mourut en 1204 à l’âge de 82 ans. Aujourd’hui encore, la famille Plantagenêt occupe une place centrale à l’abbaye de Fontevraud. Les gisants d’Aliénor, Henri II, Richard Cœur de Lion, rejoints par celui d’Isabelle d’Angoulême à la demande du fils de cette dernière, le roi Henri III, occupent toujours le cœur de l’abbatiale.
La ronde des cloches
Depuis 2019, l’abbaye royale accueille un projet artistique mêlant patrimoine et art campanaire (relatif aux cloches). L’objectif est de reconstituer la sonnerie de l’abbaye en créant six nouvelles cloches. Les anciennes ont été fondues pour en faire de la monnaie, au cours de la Révolution française. Six cloches donc, réalisées par six artistes différents, pour rendre hommage à six personnalités emblématiques de Fontevraud, le tout, étalé sur six ans. Cette année, Aliénor, Richard Ier et l’abbesse de Chemillé sont rejoints par Gabrielle de Rochechouart. Issue de la très haute noblesse, elle se prédispose pour l’étude des langues, la lecture et l’écriture. Elle entretient des relations épistolaires avec de nombreux hommes et femmes de lettres de l’époque, dont Madame de La Fayette ou encore Racine. Elle devient, à 24 ans, la 33e abbesse de l’abbaye et fut qualifiée “reine des abbesses” par le Louis XIV en personne ! C’est l’artiste Paul Cox, qui a eu l’honneur de créer cette quatrième œuvre de bronze du projet. Après une année de travail, la cloche Gabrielle (1 200 kg) est aujourd’hui installée – comme les trois précédentes – dans les jardins de l’abbaye. Toutes les heures, Aliénor, Richard, Pétronille et, désormais, Gabrielle tintent en chœur.
Fontevraud regorge tellement de surprises, qu’y passer une journée entière n’est pas de trop ! La Fannerie (ancienne remise puis prison) a finalement été transformée en musée d’Art moderne, à la suite de la donation privée des collectionneurs Martine et Léon Cligman. Au total, plus de 800 œuvres (peintures, sculptures, objets antiques, dessins) y sont présentées, offrant un voyage à travers le temps et les civilisations. Jusqu’au 16 juillet 2023, s’y déroule une exposition temporaire nommée Connexions\collections #2 où l’artiste Agnès Thurnauer fait communiquer ses propres œuvres avec la collection permanente.
Stationner en camping-cars
Aire d’accueil et de services de Fontevraud : le grand parking P3 est bitumé et propose des places étroites et en pente (prévoir des cales). Stationnement gratuit, idéal pour visiter l’abbaye et le village. Zone de vidange.
Allée des Bruyères. GPS : (N) 47°11’4”/(E) 0°02’57”.