Découvrir la Picardie en camping-car, étape 1/2

Les connaissances historiques permettent généralement d’expliquer les situations présentes. Nous vous entraînons en Picardie, où d’horribles combats se sont déroulés il y a près de 110 ans. Notre circuit en camping-car aborde la terreur de la Première Guerre mondiale par la visite de musées, de monuments et de cimetières. Tout en expliquant les raisons et les conséquences du conflit, ces lieux de mémoire dispensent le message d’une paix si fragile aujourd’hui.

 

Passé Reims, la D944 file sur Corbeny. Juste avant d’y arriver, un monument rend hommage aux combattants des blindés. Un char Schneider y est reconstitué grandeur nature, rappellant qu’avec la Première Guerre mondiale, le conflit entrait dans une nouvelle dimension en matière de combat.

En suivant les panneaux “Chemin des Dames”, on s’immerge dans l’histoire terrible du début du XXe siècle. Nous longeons le plateau de Craonne (nommé aussi plateau de Californie) qui domine du haut de ses 180 m de vastes plaines picardes. L’endroit était un point stratégique pour observer les troupes adverses. Aprement disputé, il fut occupé par les Allemands dès le début du conflit. En 1917, le général Nivelle convainc l’état-major que sa prise mènera à la victoire. Le 16 avril, l’assaut est lancé. A Craonne, l’artillerie française n’a guère endommagé les défenses adverses. L’offensive française tourne au carnage, la 36e division d’infanterie perd plus de 2 800 hommes en trois jours. D’autres sont totalement décimées.

Henri Barbusse, dans Le feu, relate :

On voit, avec de stridents fracas et des cyclones de terre pulvérisée, s’ouvrir des cratères çà et là. Des rafales se déchaînent si monstrueusement retentissantes qu’on se sent annihilé par le bruit de ces averses de tonnerre. On voit, on sent passer près de sa tête des éclats avec leur cri de fer rouge… Je lâche mon fusil, tellement le souffle de l’explosion m’a brûlé les mains… 

Au-delà des pertes, Craonne sape le moral des soldats, scandalisés par les décisions de leurs officiers. La révolte gronde dans les tranchées, certains refusent de repartir au combat et parle de « lever la crosse ». Des mutineries éclatent. Vingt-sept soldats seront fusillés « pour l’exemple ». Le général Nivelle sera finalement remplacé par Pétain. La chanson de Craonne devint l’hymne de tous ceux qui n’en pouvaient plus de cette guerre. Du haut de la tour de l’observatoire, à côté des restes du vieux Craonne, vous comprendrez l’intérêt stratégique du site : le belvédère porte sur un rayon de 30 km entre Soissons, Laon et Reims. Au bord de la route, les trous des bombes – tombées sur ce qui fut un village – sont encore visibles. L’endroit est émouvant et les amateurs de littérature s’arrêteront sur la tombe d’Yves Gibeau, écrivain pacifiste connu pour son livre Allons z’enfants

Poursuivant sur la D12, l’abbaye de Vauclair, dont les ruines ont été remontées dans les années 1960 par des bénévoles, montrent aussi la fureur des combats. Occupée par les Allemands entre septembre 1914 et novembre 1918, l’abbaye est bombardée par les Français. Le lieu fut classé en zone rouge après 1918, car les terres étaient jugées trop difficiles à réaménager notamment par la présence de cadavres, de munitions non explosées, de dégâts physiques majeurs. L’Etat les rachète pour les classer vestiges de guerre. Un guide nous confie que les équipes de déminage continuent à réaliser deux interventions par jour, plus de cent ans après l’armistice.

Plus loin, le site de la caverne du Dragon (une ancienne carrière) nous fait pénétrer dans les galeries d’un impressionnant abri souterrain. On découvre ce qu’était alors la guerre en sous-sol. Cette “creute” (prononcez “croute”) aménagée par les Allemands comportait un dortoir, une chapelle, un puits, un poste de secours et même… un cimetière. Les scénographies conçues à partir des objets retrouvés dans ces galeries, nous immergent dans la vie des soldats. On imagine bien les deux tranchées adverses, à quelques dizaines de mètres, les bombardements assourdissants et la poussière qui tombe du plafond sur des soldats cherchant à se reposer dans cette atmosphère sombre et humide. Beaucoup de combattants écrivent pour témoigner, certains avec une pointe d’humour pour atténuer leurs peurs. Comme ce lieutenant qui relate :

Soudainement apparaissait devant moi un tronc d’arbre, illuminé de façon fantomatique par les éclairs et qui portait à son extrémité effilée une pancarte “Interdiction de couper du bois

Le 25 juin 1917, 300 soldats allemands sont faits prisonniers. La “prise de la caverne du Dragon” fut largement relayée dans la presse, tentant ainsi de faire oublier les 118 238 soldats français tués, disparus ou blessés entre le 16 avril et le 11 mai 1917 !

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