Balade en camping-car à Brest (29)

Réputée pour son arsenal militaire et la course au large, la cité du Ponant est enfichée au fond d’une magnifique rade de 180 km2. L’une des plus belles au monde, prétend-on ici, avec une certaine fierté. Visite de Brest en camping-car, ville atypique où l’on choisit de venir plutôt que d’y passer !

 

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Ici, les locaux ne sont pas comme ailleurs. Ils ne sont pas de Brest, ils se disent de « Brest même ». Si vous osez leur lancer de quelconques allusions sur l’aspect quelque peu austère de leur ville, ils ne partageront pas forcément votre avis, mais auront plaisir à vous raconter la douloureuse histoire de la cité du Ponant, autour d’une bière (bretonne bien sûr, et avec modération) consommée dans l’un des innombrables cafés du port ou de la rue de Siam, l’artère principale. Mais pourquoi Brest est-elle associée à cette image de ville triste et grise ? L’explication se trouve en grande partie dans la reconstruction de son “cœur”. En pilonnant les forces allemandes qui occupaient la ville durant la seconde guerre mondiale, les bombardiers alliés ont détruit le centre-ville à 90 %. A la libération, il fallut reconstruire au plus vite pour reloger la population, tout en cherchant à conserver une certaine identité. Mais les architectes d’après-guerre ne se sont pas souciés des conditions météo, traçant des rues en ligne droite dans lesquelles s’engouffre le vent d’ouest dominant.

Brest
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Si le schéma structurel de Brest n’a pas pu être changé, les bâtiments et l’identité culturelle ont considérablement évolué depuis les années 1980, les uns prenant des couleurs, l’autre se développant pour la façonner en une ville tendance qui bouge et où il fait bon vivre. D’ailleurs, quelques études statistiques montrent que la cité est devenue l’égale de Rennes la capitale “bourgeoise” à laquelle elle a souvent été opposée.

Pourtant, le combat était au départ très inégal. Jacques Prévert en est en partie responsable. Les vers de sa poésie qui s’ouvre sur

Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là

sont généralement mal interprétés. Le poète fait ici référence aux pluies de bombes qui se sont abattues sur la ville à la fin de la guerre et non aux grains qui balaient régulièrement les rues de Siam et Jean-Jaurès. Certes, le nombre de jours de pluie par an est important (159 contre 53 à Marseille). Mais le cumul des précipitations reste inférieur à celui enregistré au Pays basque (1 450 mm à Biarritz et seulement 1 100 mm à Brest). Les Bretons se plaisent à dire qu’« en Bretagne, la pluie ne tombe que sur les c… » D’autres, moins cinglants, préfèrent raconter qu’il fait beau plusieurs fois par jour. Chacun sa forme de poésie…

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Fêtes maritimes : une folle histoire de bateaux

Depuis 1992, Brest hisse ses plus belles voiles en recevant tous les quatre ans, l’armada des Fêtes maritimes. Hélas, le coronavirus a eu raison de cette périodicité de métronome olympique. Annulé en 2020, ce grand rendez-vous planétaire des marins et des passionnés de vieux gréements revient cette année, du 12 au 17 juillet. Le spectacle, superbe et grandiose, promet d’épater les milliers de spectateurs. La fête est internationale, colorée, continue, musicale et iodée. Pour l’occasion, l’enceinte militaire de l’arsenal ouvre au public une partie de ses bâtiments. Les bars et restaurants proposent des saveurs du monde entier.

 

“Brest 2024” permet aussi de réaliser une expérience unique et inoubliable, celle d’embarquer sur un vieux gréement. Et de nombreuses mini-croisières (de 1 h 30 à 3 heures ou à la journée) seront proposées à bord de voiliers traditionnels ou de vedettes pour voir évoluer les embarcations dans la rade.

A terre, sur les quais, le spectacle sera également permanent, avec des animations mettant en valeur les savoir-faire des métiers de la marine : charpentier, gréeur, voilier, exploitant de goémon, chercheurs de l’Ifremer, dont le siège est situé à Brest.

Les Capucins : synthèse de l’identité brestoise

Au centre-ville, les ateliers des Capucins, côté Recouvrance (rive droite de la Penfeld), au-dessus de l’arsenal, nous transportent dans une halle industrielle navale du XIXe siècle. Pour y accéder, on vous invite à emprunter le téléphérique urbain (le premier installé en France) qui surplombe la Penfeld, petite rivière qui ressemble plus à un aber qu’à un vrai cours d’eau. Symbole de l’industrie navale locale, les Capucins sont inscrits dans la mémoire de la ville. Les Brestois ont tous un parent ou des connaissances qui y ont travaillé. Aujourd’hui, ce lieu foisonne d’activités de loisirs et culturelles, sur 25 000 m2. D’anciennes machines-outils qui servaient à l’usinage des pièces pour la Marine rappellent le passé industriel du site.

En partenariat avec Océanopolis, s’y est ouvert en 2022, le pôle 70.8. Ce magnifique et didactique musée de l’Océan tire son curieux nom du pourcentage des océans et mers recouvrant notre planète. L’entrée se trouve à proximité du canot de l’empereur Napoléon Ier, une belle embarcation historique qui invite le visiteur à voguer sur le milieu marin sans lequel la vie n’existerait pas sur Terre et dont l’humanité ignore encore beaucoup de choses.

En sortant des Capucins, promenez-vous dans le vieux quartier de Recouvrance pour arpenter notamment la rue Saint-Malo, seule et dernière voie pavée de la cité du Ponant. Située à proximité de l’ancienne maison d’arrêt de Pontaniou – dont on attend toujours la reconversion en lieu plus accueillant –, cette rue est aujourd’hui bordée de bâtiments qui nous replongent dans le Brest d’avant-guerre.

En redescendant vers le pont du même nom, dont le tablier se lève parfois pour laisser passer les navires qui remontent la Penfeld, laissez-vous tenter par la visite de la tour Tanguy. Erigé au XIVe siècle, ce bâtiment témoigne de l’histoire de la ville avant 1939 à travers quatorze plans maquettes réalisés par Jim (Eugène) Sévellec, peintre et céramiste, figure de la vie culturelle brestoise du XXe siècle.

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Toujours dans le bas de la ville, sur la rive gauche, le musée national de la Marine, abrité dans l’enceinte du château de Brest, est un autre lieu incontournable. C’est non seulement le conservatoire de toutes les marines, mais également une magnifique vitrine dévoilant, à force de maquettes et de tableaux, l’évolution des navires de guerre au fil des siècles.

Remontant à pied vers la gare SNCF, vous passerez par le cours Dajot qui surplombe le port de commerce et la rade. Vous lèverez forcément les yeux vers le monument américain, immense colonne de granit rose érigé en 1927 en l’honneur des boys venus combattre durant la première guerre mondiale. Détruit pendant l’occupation allemande, le monument fut rebâti à l’identique en 1958. C’est au pied de celui-ci que se trouve deux escaliers descendant vers le parc à chaîne du port de commerce. Ce passage a eu droit à son heure de gloire à la fin des années 1930. Jean Gabin qui tenait le premier rôle dans le Remorques (1941) dévalait ces escaliers sous une pluie battante, mais… artificielle. En effet, le jour du tournage, la météo était trop clémente. Le réalisateur Jean Grémillon dut faire appel aux lances à incendie des camions de pompier pour créer cette averse. Comme quoi, il ne pleut pas toujours sans cesse sur Brest.

STATIONNER EN CAMPING-CARS

  • Océanopolis : Parking, ouvert de 9 h à 20 h (sauf le lundi), au-delà fermé par une barrière. Stationnement gratuit. WC publics. Rue des Cormorans, Kerangall. GPS : (N) 48°23’20”/(O) 4°26’7”. Pour les services gratuits, deux bornes Raclet, à 500 m du parking. Rue Eugène-Berest, Kerbriant. GPS : (N) 48°23’36”/(O) 4°26’5”.
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