"La radio distille une mélodie du temps jadis Que c'est beau la vie, de Jean Ferrat. La mélodie du bonheur, d'une autre génération, d'une autre époque. S'extasier devant un coucher de soleil drapant la colline environnante d'une couleur dorée, entendre le temps suspendre son vol alors que le ciel ne résonne plus. L'autoroute ne retentit plus du vrombissement des moteurs à pleine charge. Elle est redevenue ce ruban d'asphalte inutile dans la campagne nivernaise. Le confinement en camping-car permet de s'apercevoir des valeurs essentielles à la vie, pas les corvées et contingences, non ! Prendre le temps, mais savourer l'instant présent sans autre pensée vers de possibles futurs, vers de possibles voyages et horizons.
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La mobilité géographique n'étant plus possible, il reste l'évasion : une chanson, une couleur, une sensation. Celle qui permet telle la madeleine de Proust de rêver, d'étendre son confinement au temps et à l'espace. A la vie. Et ces chansons d'un passé lointain ressurgissent dans leurs habits mélancoliques. Le printemps tape à la porte de mon camping-car Marguerite, mais ce sont des offrandes qu'on doit refuser : une promenade le long d'un ruisseau aride du sud, un jogging sur une plage normande, un vol de parapente au-dessus des Alpes du nord. La vie est constituée de toutes ces petites pépites, de toutes ces couleurs chatoyantes de lieux tous plus beaux les uns que les autres, de ces senteurs de chemins parfumés par la lavande. Carpe Diem, mes amis, car c'est bien la seule chose qui subsiste quand il n'y a plus grand chose, quand le voile noir de la mort obscurcit notre espace. Quand la funeste nouvelle d'une maladie, d'une disparition fait basculer ce qu'il y a de plus précieux : la vie sous toutes ses formes.