Malgré la crise sanitaire et ses conséquences, pas de trêve concernant l’augmentation des tarifs autoroutiers cette année. Pourtant l’inflation, sur laquelle est indexée cette hausse annuelle à hauteur de 70 % maximum, a été nulle en 2020, ce qui aurait dû empêcher toute augmentation. Sauf que les sociétés d’autoroutes ont bien ficelé leurs contrats avec l’Etat et profitent d’autres biais pour revoir leurs tarifs à la hausse…
Une hausse contenue, mais une hausse quand même
A commencer par le rattrapage du gel des tarifs de péages, imposé en 2015 par le gouvernement de Manuel Valls sous l’impulsion de Ségolène Royal, et qui avait été arraché en échange d’un rattrapage entre 2019 et 2023 qu’avaient exigé (et obtenu) les sociétés d’autoroutes. Autre bras de levier dont ces dernières bénéficient, le Plan d’Investissement Autoroutier de 2018 leur imputant la charge de travaux d’entretien et de sécurité en échange d’une possibilité de hausse des prix des péages. Résultat, la hausse 2021 se « limite » à 0,44 %... en moyenne.
Des variations selon les sociétés et les trajets
Car ces augmentations ne sont pas identiques sur l’ensemble des autoroutes, ni entre sociétés, ni même sur un même réseau. Il est donc difficile de s’y retrouver, mais voici quelques éléments. Aliénor (A65) reste la plus raisonnable des sociétés d’autoroutes avec + 0,2%. ATMB (A43) et AREA (A43, A48, A49) sont, elles, les plus gourmandes avec, respectivement +0,64 et + 0,65 %. Cofiroute, SAPN et SANEF sont en-dessous de la moyenne (0,30, 0,32 et 0,33 %) tandis qu’APRR, Estoca et ASF sont au-dessus (0,45, 0,47 et 0,54 %). Pour les trajets, si aller de Paris à Lille, Bordeaux, Reims ou bien de Lyon à Marseille ne sera pas plus cher, rejoindre Calais ou Lyon depuis la capitale coûtera 0,44 % et 0,28% de plus. La palme de la culbute revient à l’A9, entre Montpellier et l’Espagne, avec une augmentation de 1,02 %.
Une mesquinerie, selon 40 millions d’automobilistes
Pierre Chasseray, délégué général, et Daniel Quéro, dirigeant de l’association de défense 40 millions d’automobilistes, n’ont pas tardé à réagir, affirmant : « Tous les Français contribuent à l’effort national pour combattre les crises sanitaire et économique que traverse notre pays (…) Ce n’est sans conséquences pour personne. Sauf pour les sociétés concessionnaires d’autoroutes, qui ont décidé d’appliquer à la lettre les contrats passés avec l’État, sans prise en compte du contexte particulièrement tendu dans lequel nous sommes tous plongés. Cette attitude est mesquine et inacceptable moralement ». L’association a mis en ligne une pétition contre les hausses des péages : www.stopauxpeagestropchers.com