Les annonces dans les médias se faisant de plus en plus précises avec les jours, les rumeurs devenant de plus en plus tenaces et les chiffres des contaminations montant inexorablement, j'ai commencé à préparer Marguerite pour le grand exode vers la France "libre " dès le 24 mars, d'autant plus que même les médias nationaux ont parlé de 3 mauvais élèves, dont l'Aube où je réside. M. Castex ayant confirmé le confinement - comme 16 départements précédemment - le jeudi 25 mars, j'ai donc pris la route après les dernières heures de cours en distanciel, direction l'est de la France, et franchir la "ligne de démarcation" avant le vendredi 19h. Une petite gymnastique pour jongler entre les heures de cours, prendre la route pour quelques heures, chercher un stationnement pour les heures d'enseignement à distance (4G indispensable pour les visio-conférences), et respecter un itinéraire compatible.
C'est avec une espèce de sentiment mêlé de liberté et de fuite que j'ai franchi la frontière séparant l'Aube et la Haute Marne et en voyant la splendide croix de Lorraine du mémorial Charles de Gaulle à Colombey les deux Eglises, je me suis senti l'égal d'un exilé libre parce que j'avais franchi la fameuse ligne en temps et en heure. Bizarre non, de prendre son camping-car, sa maison roulante pour aller vivre le week-end en toute quiétude sans contrôle de distance !
La route pour le hasard
C'est la troisième fois que je prends la route pour le hasard, pour la liberté et prêt à un troisième confinement imminent; par contre, je ne sais pas où...le hasard, la chance, l'opportunisme décideront ! Cela m'a permis de rendre visite à Valérie, une amie très récente qui m'a accueilli pour profiter d'un long week-end splendide et visiter la magnifique ville de Strasbourg et ses nombreux endroits si agréables. J'ai beaucoup aimé les canaux, les maisons à colombages, la gigantesque cathédrale et les incontournables bâtiments des institutions européennes. Une ville très attrayante sous un soleil printanier.
Mardi, j'ai décidé de reprendre la route pour de bon, direction le sud pour échapper à la froideur de la semaine d'après. Commence le long exode via la Franche Comté et l'Auvergne, par petites étapes champêtres pour les nécessaires arrêts d'enseignement à distance. C'est bizarre au début mais cela devient si attrayant de faire cours face à un paysage différent entre le matin et l'après-midi. Les gens me voient parler sur mon PC et doivent se demander ce que je fais...juste mon travail. Séances de TD en visio, à travers la France, j'avoue que ce n'est pas déplaisant... Les conditions de sécurité sanitaire sont totalement respectées évidemment , mais les conditions pédagogiques également, puisque je fais du distanciel depuis le début du deuxième semestre, pour raisons médicales. Donc que ce soit depuis chez moi ou depuis mon camping-car, enseignement identique avec juste un petit sourire dans un coin de sa tête. Oui les nouvelles technologies ont du bon ! Cela permet bien des choses même si le présentiel manque, notamment la relation enseignant-apprenant, l'incapacité de voir si les étudiants ont compris, la valeur du non-dit.
L’exode coutumier
Mais depuis un an et le premier confinement, nous sommes désormais rodés à cette gymnastique mentale et relationnelle. On apprend à interpréter les silences, les interrogations muettes. M. Macron doit parler et à chaque fois que M. Macron parle, on sait qu'il va y avoir une décision nationale grave. Le mot confinement réapparaît. En ce soir du mercredi 31 mars, je sais à quelle sauce nous allons être mangés et le Président nous donne quelques jours pour chercher un lieu de confinement. Comme moi, l'exode est devenu coutumier pour de très nombreuses personnes, notamment vers l'ouest de la France.
Pour ma part, c'est le soleil sec du sud qui me tend les mains. Je ne vais pas me confiner dans le Var, comme lors du deuxième confinement, mais changer de région. Je compte aller vers l'Aude chez Corinne, une amie, en restant dans mon camping-car - distanciation oblige. Mais en fait, un concours de générosité sur les réseaux sociaux va faire que l'on va me proposer une place dans un camping de Millau à mi-chemin de Vichy où j'ai passé ma dernière nuit et l'Aude.
Ce qui a pesé dans ma décision de m'arrêter pour 4 semaines dans l'Aveyron c'est l'énorme communauté parapentiste (vous savez le vol est ma passion) et la possibilité de m'adonner au parapente dans la limite des 10 km !! incroyable comme quoi l'amitié et l'entraide marchent ! Me voilà donc arrivé au camping Larribal (Eric le propriétaire est un parapentiste) situé à quelque 500 m du terrain d'atterrissage ! et avec vue sur le site de décollage un endroit rêvé pour le passionné que je suis ! et en bonne compagnie, puisqu'avec des amis d'amis. Le hasard et la chance ont encore frappé et je suis tellement heureux d'avoir entrouvert la porte..
Merci Michel et Eric d'avoir pu me trouver une solution des plus confortables et pratiques !
Par Matthieu Constanzo