Il n’y aura pas de visite médicale pour garder son permis de conduire

Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires réfute l’idée d’instaurer une visite médicale pour les détenteurs du permis B âgés de plus de 60 ans. Bonne nouvelle pour une immense majorité de camping-caristes.

Le mois dernier, l’eurodéputée Karima Delli, rapporteuse de la Commission des transports et du tourisme au Parlement européen annonçait, dans un projet de rapport, vouloir imposer un contrôle médical pour les conducteurs les plus âgés.

L’amendement 23, page 22 de ce rapport précisait

Dans certaines circonstances, la confirmation ou le renouvellement d’un permis de conduire devrait être associé à des procédures supplémentaires. Par exemple, […] les conducteurs demandant le renouvellement, qui souffrent d’une maladie chronique ou sont âgés de plus de 60 ans, pourraient être tenus de passer des examens médicaux supplémentaires ou de se soumettre à une séance de formation et de certification de leur aptitude à la conduite.

Ce projet de rapport qui n’avait pas fait grand bruit auprès des organes de presse (y compris nous) a toutefois affolé les associations de défense des automobilistes, dont « 40 millions d’automobilistes », qui n’ont pas manqué de réclamer le point de vue de Clément Beaune, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires également chargé des transports, sur cette question de péremption du permis de conduire.

Vendredi 6 octobre, le ministre a fini par s’exprimer pour « couper court à de fausses nouvelles » selon lesquelles le gouvernement français pourrait imposer une visite médicale pour les titulaires du permis de conduire âgés de plus de 60 ans. Clément Beaune a clairement indiqué qu’il n’est pas question d’instaurer une date de péremption du permis B.

Les camping-caristes dont la moyenne d’âge est assez élevée peuvent donc pousser un ouf de soulagement.

Il faut rappeler que le taux d’accidentologie des plus de 65 ans est nettement moins élevé que celui des jeunes conducteurs âgés de 18 à 24 ans. Les statistiques sont formelles : cette dernière catégorie est, hélas, beaucoup plus souvent victime d’accident mortel que les personnes âgées.

Les automobilistes âgés de 65 ans et plus causent environ 17 % des accidents mortels, ce qui en fait la tranche d’âge la moins accidentogène. Pour les 25-34 ans, le taux est de 23 % et 22 % pour les 35-49 ans. Pour les 50-64 ans il descend à 18 %.

Dès lors, toute remise en cause automatique du droit à la conduite d’un usager sur le seul fondement de son âge serait profondément injuste et particulièrement inefficace, estime Philippe Nozière, président de « 40 millions d’automobilistes.

L’association rappelle d’ailleurs que dans les quelques pays qui ont instauré une visite médicale obligatoire pour conserver son permis de conduire à partir d’un âge défini, cette mesure n’a pas contribué à abaisser le nombre d’accidents et la mortalité routière.

Philippe Nozière explique aussi que

Ce genre de mesure est fortement pénalisante pour les personnes concernées. Les seniors, comme tous les autres usagers, ont besoin de conserver au maximum leur mobilité et leur indépendance. De ce point de vue, pouvoir conserver son permis de conduire est essentiel… On ne peut pas, en même temps, vouloir que nos aînés restent chez eux le plus tard possible et les priver de ce qui leur permet de subvenir à leurs besoins : aller faire leurs courses, se rendre chez le médecin, garder du lien social. Et nous rajouterons, voyager en camping-car.

Cela écrit, l’association « 40 millions d’automobilistes » cherchent des solutions pour améliorer la prévention des accidents routiers. Elle travaille de conserve avec le député Patrick Vignal, dans le cadre du projet « Vieillir et conduire » pour élaborer des solutions incitatives et intergénérationnelles afin de renforcer la prise de conscience individuelle des facteurs de risque, dont certains peuvent augmenter avec l’âge, comme la baisse de la vue ou l’amoindrissement des réflexes.

C’est pourquoi nous sommes favorables à ce que les automobilistes soient invités à contrôler leur vue chez un opticien ou encore à tester leurs capacités et leurs connaissances des règles de conduite sur un simulateur de conduire en auto-école. Il s’agit d’inviter et d’inciter, pas de contraindre et de sanctionner. Ce genre d’initiatives serait bénéfique à toutes les tranches d’âge », détaille Pierre Chasseray, délégué général de l’association

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