Christian Boyer est un camping-cariste invétéré depuis maintenant plus de sept ans. Il a contracté le virus après avoir abandonné le secteur nautique. Quittant régulièrement sa ville de Granville (14) il a accepté de partager sa passion du camping-car avec les lecteurs de Camping-Car Magazine dans le cadre de l'enquête sur le stationnement publiée dans le numéro 370 daté février 2024.
Il évoque ses expériences en France et dans la dizaine de pays européens qu’il a visités. Privilégiant les sorties au printemps et en automne pendant un à deux mois, il s’accommode avec philosophie de toutes les situations.
Camping-Car Magazine : Comment est née cette passion du camping-car ?
Christian Boyer : Depuis 2016 je suis passé du voilier au camping-car pour voyager sous une autre forme. Au départ c’était un fourgon d’occasion récent. Après on a évolué vers un camping-car, toujours d’occasion de 2 ans. Car avec ma femme Nicole, nous avions pour projet de partir en Norvège. On souhaitait plus d’espace et de confort, en pensant qu’on serait peut-être amené là-bas à rester à l’intérieur quelques heures ou quelques jours ! C’est un intégral Pilote Galaxy de 6 mètres. Il est très pratique pour nous avec un lit pavillon collé au plafond, permettant la journée d’utiliser tout l’espace, tout comme pour notre fidèle chat VanVan. On a un porte-moto à l’arrière avec un scooter, pour nous poser et rayonner. Sur une année on part 2 ou 3 mois, en général 1 mois au printemps et 1 mois à l’automne, pour éviter d’être sur les routes pendant la période estivale, avec des déplacements en Norvège, Suède, Espagne, Portugal, Andorre, Danemark, Allemagne, Belgique, Pays-Bas.
CCMag : Est-ce que tout est prévu à l’avance ?
C.B. : On a plus ou moins une idée plus du trajet qu’on va faire. À partir de là on choisit les étapes. Il n’y a pas vraiment de programmation complète. Je programme un ou deux arrêts et regarde un peu ce qu’on peut faire autour. Mais sur place cela va dépendre de la disponibilité et du cadre.
CCMag : Quels outils utilisez-vous pour repérer les aires ?
C.B. : Sur mon téléphone j’ai plusieurs applications dont celle de France Passion et de Camping-Car Park. J’utilise aussi park4Night. Et je fais un mix de tout ça. J’achète aussi tous les ans un guide des campings européens qui accueillent les camping-cars avec des prix et des réductions intéressants grâce à une carte d’adhérent.
CCMag : Des sites ou des forums ?
C.B. : Je suis sur un forum de camping-car en Espagne. Plus pour du dépannage et des services. L’an dernier j’avais des problèmes de réception de la télévision par satellite. Grâce à ce forum un internaute m’a envoyé rapidement de quoi reprogrammer le système. En cas d’incident, c’est utile de connaitre l’adresse d’un concessionnaire. Mais je ne l’utilise jamais pour avoir des avis sur des aires.
CCMag : Pour la France des problèmes de stationnement ?
C.B. : Pas vraiment. Mais disons que je ne fréquente pas le littoral, quelle que soit la saison. Ces deux dernières années, nous avons visité la Creuse, la Corrèze, le Luberon, les Gorges du Verdon sans jamais rencontrer de problème. On trouve toujours des places en mai, juin ou en automne. Cette année à la fin du mois d’août on cherchait de la fraîcheur. Mais il y avait trop de monde au bord du lac de Vassivière. Un peu plus bas aux confins de Creuse et de la Corrèze, près du plateau de Millevaches, nous avons trouvé un camping au bord du lac de Vian. C’était prévu pour deux jours. Mais on s’est senti tellement bien au bord du lac, avec un bon accueil, des gens sympas, qu’on est resté une semaine. Et quand ça ne me plait pas, je m’en vais.
CCMag : Des souvenirs à l’étranger ?
C.B. : En Norvège on a fait 50 % de sauvage. Mais je dois dire qu’il y a de moins en moins cette possibilité, avec plus de de restrictions. Le regard des gens a changé. Le comportement de certains camping-caristes a aussi donné une mauvaise image.
CCMag : Et la journée des difficultés pour se garer ?
C.B. : Non pour visiter il y a toujours un parking adéquat. Mis à part par exemple pour se rendre à la cathédrale de Barcelone où on ne peut pas stationner dans le centre-ville. Dans la région des villages perchés, on s’installe dans un lieu 2 ou 3 jours et on rayonne avec notre scooter sans souci. À pied cela serait effectivement plus compliqué. Mais maintenant la plupart des camping-caristes ont des vélos pour se déplacer. On trouve quand même régulièrement des parkings, comme ceux qui peuvent recevoir des poids lourds. C’est juste fait pour se garer une à trois heures. On n’y dort pas. On ne sort pas la table et les chaises. Bien que nous voyagions hors saison, si nous devions partir l’été, ce serait sans nulle doute vers la montagne, pour éviter la sur fréquentation littorale.
CCMag : Y a-t-il un juste prix pour les aires ?
C.B. : Je n’ai pas de problème de prix. Par exemple, sur les aires Camping-Car Park je sais que je vais payer environ 15 euros. Mais j’ai accès à tous les services et surtout la tranquillité. Il n’y a rien de gratuit aujourd’hui. J’ai déjà passé un mois et demi dans un camping en Espagne pour 13 € par jour. En moyenne lorsqu’on voyage on dépense 20 € par jour pour stationner. Je m’attends à ce que cela augmente pas mal en raison du coût de l’eau et de l’électricité. Aujourd’hui les camping-cars sont vraiment tributaires de l’électricité. On va recharger les batteries de vélo, il y a la climatisation, barbecue, plancha… 6 ampères ne vont plus suffire, 16 voire 20 ampères seront nécessaires ! En Espagne, dans certains campings, on paye un forfait et il y a un compteur qui facture en fonction de la consommation. Moi personnellement cela ne me dérange pas. Je considère que si on vient et que l’on branche sa climatisation 24 heures, cela a un coût. Et l’eau c’est pareil. Certains ont tendance à passer un quart d’heure sous la douche avec le robinet grand ouvert. L’idée des futures bornes connectées pour payer exactement sa consommation ne me choque pas.
CCMag : À l’étranger est ce que le stationnement est plus facile qu’en France ?
C.B. : Nous avons déjà couché dans des aires portuaires au Danemark, c’était relativement facile. Le nord de l’Europe est très moderne. Dans un camping de Norvège par exemple tout était codifié. Pour l’eau chaude et chaque service il fallait un code spécifique. J’ai trouvé aussi sur une aire de camping, un nettoyeur de cassette des toilettes. Elle est ressortie plus neuve que neuve et tout cela gratuitement ! Il y a des endroits qui sont très modernes ou alors c’est un simple champ. En Espagne, en faisant de la rando dans les Pyrénées espagnoles, nous avons trouvé un particulier. Éleveur et producteur de fruits, il proposait un grand champ de 5 hectares au bord d’une rivière pour une quinzaine d’euros en totale autonomie, sans services. Idéalement situé près de passerelles et de chemins de randonnées c’était très agréable en pleine nature, avec baignades en prime. C’est ce côté fun qui me plait. Je n’ai pas envie de me retrouver parqué comme des bêtes de foire.
CCMag : Il y a plus d’aires à l’étranger ?
C.B. : Plutôt moins. En Espagne il y a beaucoup de campings, mais de plus en plus d’aires, notamment dans les sites touristiques, tout comme au Portugal. Dans les pays du Nord il y a une forte offre de campings. En Italie on est presque obligé d’aller au camping. Le Monténégro et la Croatie semblent compliqués pour le moment pour voyager en camping-car. C’est très réglementé. Cela risque de coûter cher. Mais si je me souviens du coût des nuitées dans les ports (de l’ordre de 40 à 50 €) lorsque j’avais un voilier, stationner en camping-car reste encore très abordable. J’ai un très bon souvenir de l’aire espagnole de Vilafamés dans la province Castellón près de Valence, un village typique où nous sommes restés plusieurs jours. Avec un très bon accueil et très peu fréquentée car dans l’intérieur des terres. Bon souvenir aussi en remontant vers la France avec un arrêt dans le sud de la Catalogne à L’Ametlla de Mar, un superbe camping en terrasse donnant sur une calanque. Parlant anglais et espagnol, cela facilite les rapprochements notamment lors d’apéros avec d’autres camping-caristes.
Propos recueillis par Nicolas Moreau-Delacquis