Face à la montée en puissance du porteur Ford sur le marché du camping-car, le partenaire historique de la firme américaine n’a eu d’autres choix que d’accepter cette concurrence massive. Mais pour contrer cette dernière, Chausson a imaginé une contre-offensive en créant une gamme spécifique, voire singulière. Voici donc en résumé, la genèse des profilés Sport Line Edition que nous avons eu la chance d’essayer.
Difficile, dans un premier temps, de ne pas souligner le travail esthétique des designers pour créer l’originalité tant recherchée du produit. Le véhicule arbore une teinte de carrosserie Gris Matter couvrant uniformément porteur et cellule (seul le toit reste blanc, pour des raisons de conceptions anti-grêle). Cette teinte est reprise de l’univers automobile, notamment employée par Ford pour son modèle de voiture Puma. Chausson a pu la récupérer pour l’exploiter en exclusivité (avec Challenger, la marque sœur). Pour mémoire, la gamme de profilés S a été lancée à l’été 2021 comme alternative aux fourgons grâce à la courte largeur de la cellule (2,10 m).
Elle se distingue également avec des profilés “éco” figurant parmi les moins chers du marché. Nul besoin d’une offre pléthorique pour arriver à ses fins. Chausson dispose donc de deux références : une avec des lits jumeaux (S697 GA, long de 6,60 m) et une autre équipée d’un lit transversal (S514 de 5,99 m de longueur). Et c’est tout ! D’après les responsables de la marque, cette proposition semble avoir fait mouche auprès des primo-accédants et des renouvelants en quête d’un bon rapport prestations/prix. Chausson a donc peaufiné sa gamme en créant une version plus sportive et mieux équipée, incarnée notamment par le S514 Sport Line. Nous voilà donc rendus à Tournon-sur-Rhône, en Ardèche pour prendre le volant du S514. Outre son look évoqué précédemment, c’est la compacité du véhicule qui frappe de prime abord. Avec sa largeur de 2,10 m (soit 5 cm de plus qu’un fourgon) et sa hauteur de 2,75 m, ce S514 Sport Line montre une première singularité.
Malgré sa compacité, l’habitabilité de la cellule surprend. On apprécie immédiatement la largeur intérieure et surtout le tirant d’air (presque 2 m chacun) qui autorise les plus grands à se mouvoir sans problème. Ce volume profite au salon qui se révèle spacieux et confortable. Il se compose d’une table, encadrée par une banquette face route avec ceintures, et des sièges pivotants du porteur. Malheureusement, avec le Ford Transit, manœuvrer ces derniers est une sinécure : la manette de réglage de la profondeur n’accompagne pas la rotation. Il faut jouer sur l’inclinaison du dossier tout en ouvrant les portières pour assurer la rotation… Bref ! Il y a également un petit sofa installé à côté de l’entrée de la cellule, mais au confort quelque peu spartiate. Cette banquette latérale accueille une cinquième personne, et surmonte le coffre à gaz, scrupuleusement mis à profit. La table est pourvue d’une rallonge facile à installer. Le centre du véhicule est occupé sur le côté droit, par une cuisine fonctionnelle. Pourtant, les dimensions du bloc (près d’un mètre de long et 60 cm de profondeur) ne permettent pas grande fantaisie dans la disposition des équipements. Chausson a opté pour un réchaud 2 feux indépendant de l’évier circulaire. Les rangements sont disposés en parties hautes et basses, et on apprécie la tablette rétractable en bout d’ameublement qui permet d’augmenter la surface de travail si besoin. Le frigo de 87 l (avec freezer de 10 l) est positionné en bas. La sélection des énergies entre gaz et électricité (12 ou 220V) se fait manuellement. On aurait espéré mieux. Il empiète toutefois sur le couloir, nuisant à la circulation (passage de 48 cm seulement). L’accès à la salle d’eau se fait après avoir fait coulisser un rideau à lamelles. Ce dernier ouvre sur un bel espace doté d’un WC à tête pivotante, d’une armoire à pharmacie étagée et d’un lavabo greffé au miroir. Ce bloc est installé sur une paroi qu’il suffit de faire pivoter pour transformer le compartiment en une grande cabine isolée. Le passage de roue au niveau du receveur de douche est assez démesuré. Chausson l’assume pleinement et affirme avoir pris le parti de le rehausser pour qu’il soit employé comme siège si besoin. Malin non ? Tous les postes cités précédemment occupent bien l’espace.
Dans la chambre, on ne pouvait donc faire autrement que d’installer un lit transversal. Ce couchage, muni d’un matelas de 132 x 189 cm et de 12 cm d’épaisseur, est perché à 1,15 m du plancher du véhicule. Son tirant d’air de 81 cm reste amplement suffisant pour ne pas se sentir oppresser. Une réflexion intense a permis de proposer un bon couchage tout en optimisant les rangements. Ainsi, ce lit “papillon” est constitué de deux sommiers articulés qui se relèvent indépendamment, comme des ailes. Ce système libère le volume en partie avant pour accéder aux coffres et aux penderies. Dans la partie arrière, c’est la hauteur de la soute que l’on augmente, passant de 102 à 198 cm. Dommage que les dimensions des portillons ne soient pas plus importantes pour faciliter le chargement d’éléments volumineux. Ce sujet est déjà à l’étude…
Après cet état des lieux complet du véhicule, il est maintenant l’heure pour nous de prendre la route. Notre périple de près de 500 km nous a conduits vers les Cévennes sur un parcours insolite offrant son lot de routes sinueuses et étroites. Ce terrain de jeu quelque peu hostile pour un camping-car nous a permis d’apprécier la compacité et la maniabilité. Au volant, la conduite est agréable, bien aidée par la motorisation de 170 ch et surtout par la boîte automatique qui se révèle, une fois encore, très agréable malgré un étagement bloqué à 6 rapports. Point d’orgue de cet ensemble, la consommation de carburant plutôt faible : seulement 9,7 l/100 km. Appréciable en cette période d’inflation ! Contrairement aux autres profilés de la marque, Chausson a conservé une entrée de gamme, First Line, sur sa gamme S. Preuve s’il en est une, qu’elle nourrit de grandes ambitions en captant des primo-accédants, avec un prix de seulement 52 490 €, ou des camping-caristes néophytes ou aguerris en recherche d’un véhicule à part et suréquipé. Grâce à son tarif de 58 490 €, le Sport Line répond parfaitement à cette autre demande. D’autant plus qu’il dispose d’origine d’une belle dotation standard tant sur le porteur (climatisation, régulateur, pare-brise dégivrant, rétroviseurs électriques, jantes, boîte auto…) que dans la cellule, avec le pack Accessoires monté de base. Ce dernier inclut les stores de cabine, le panneau solaire, le store extérieur, la double batterie, sans oublier la dînette convertible en couchage – qui permet de présenter un véhicule de 3 places nuit). Chausson cherche à réduire le catalogue des options, une stratégie une nouvelle fois payante.
PLUS :
- Lit papillon
- Boîte auto et motorisation de série
- Look sympa
- Maniabilité
- Charge utile importante
- Dînette convertible en standard...
MOINS :
- ... mais confort sommaire
- Largeur du couloir près du frigo
- Sièges pivotants du Ford
- Quelques détails de finition à revoir
Retrouvez la vidéo de cet essai du Chausson Sport Line S514 réalisée en janvier 2023 :