La collectivité de Corse et son agence de tourisme (ATC) ont lancé, le 1er janvier, un appel à projets. Intitulé « aires d’accueil et de services pour camping-cars », il s’adresse aux professionnels de l’hébergement en plein air, mais également aux municipalités ainsi qu'aux particuliers. Afin d’être soutenus par la collectivité et l’ATC, les projets devront répondre à un cahier des charges précis, « de manière à ce que ces espaces bénéficient des retombées économiques induites », est-il précisé. Le but est d’encourager les créations d’aménagements dédiées aux camping-caristes afin d’augmenter la capacité d’accueil sur l’île.
Il faut dire que « La Corse affiche un taux d’équipement très bas s’agissant des aires d’accueil », commente la présidente de l’ATC, Marie-Antoinette Maupertuis. Une carence qui n’aide pas à limiter le camping sauvage contre lequel tente de lutter la Corse pour protéger ses espaces naturels fragiles. Au cours de l’été 2017, l’Assemblée corse avait initié un projet d’écotaxe à l’encontre des camping-caristes. Une idée rejetée par l’Assemblée nationale.
Cet appel à projets est donc une bonne nouvelle pour les camping-caristes souhaitant découvrir la Corse. Ils pourront d’ailleurs opter pour l’agence Camping-Car Corse qui propose des circuits comprenant la traversée en ferry ainsi que les nuitées en camping.
Et pour Ludovic Ingargiola, l’un des créateurs de Camping-Car Corse et gérant de camping, « il est urgent de proposer une solution qui garantisse un tourisme propre, organisé et générateur de ressources. La création de Camping-Car Corse a été une des concrétisations de cette approche professionnelle», ajoute-t-il. « En proposant des forfaits transport bateau + hébergements prépayés avec un ensemble de 14 campings tout autour de l'île, la problématique du camping sauvage a été quasiment éradiquée, puisque 96% des nuits vendues sont utilisées dans nos établissements partenaires », souligne-t ’il en indiquant que « le très faible taux de non utilisation ne signifie pas camping sauvage mais plutôt hébergement dans d’autres campings hors réseau actuel ».
Si le besoin d’infrastructures dédiées aux camping-cars devient pressant, l’appel à projets de la Corse entraîne quelques réserves dans le secteur du tourisme. La collectivité territoriale de Corse « propose des solutions qui inquiètent les professionnels », confirme Ludovic Ingargiola en expliquant : « l’ouverture de l’accueil des camping-car aux non-professionnels du tourisme, l’appel d’offre visant même les stations-services, relève d’un processus d’ " ubérisation " qui va conduire à la baisse de la qualité d’accueil et surtout la disparition des établissements du centre de la Corse pour qui la location d’emplacements est le cœur d’activité ».
Afin d’éviter cela, Camping-Car Corse propose des solutions, à commencer par l’automatisation : « il nous faut des aires d’accueil ouvertes toutes l’année et pas seulement de mai à septembre. De telles amplitudes d’ouvertures ne seront possibles qu’avec des investissements d’automatisation importants pour rentabiliser cet accueil à des périodes de l’année où la faiblesse des autres clientèles ne permet pas de maintenir des moyens humains suffisants ». Une automatisation qui permettra un accueil tout au long de l’année, est pour Ludovic Ingargiola, primordiale et doit même être « une condition de l’obtention des aides publiques ». Il conclut en demandant « une vraie campagne de promotion » pour réconcilier les camping-caristes avec l’île de Beauté. Un territoire magnifique qui est capable de « récupérer une partie des 30 000 camping caristes qui vont chaque année hiverner au Maroc, ou encore ceux qui choisissent l’Espagne ou le Portugal ».