Un vaste trafic de camping-cars volés (sur ces trois dernières années), maquillés puis revendus vient d’être mis au grand jour par une opération de gendarmerie d’envergure nationale.
La méthode se voulait simple : les malfaiteurs achetaient des vieux véhicules de type utilitaire (la plupart du temps en tant qu’épaves) et utilisaient le certificat d'immatriculation pour obtenir des papiers en bonne et due forme, pour un camping-car volé, via un certificat de carrossage falsifié. Ce certificat correspond normalement à la déclaration de transformation d’un véhicule utilitaire en un modèle aménagé, en l’occurrence un camping-car. Ce changement entraînait l’émission d’une nouvelle carte grise dont les numéros de série de l’utilitaire étaient méticuleusement refrappés sur ceux du camping-car volés pour la concordance.
Une fois la carte grise obtenue, les camping-cars volés étaient revendus avec un certificat d’immatriculation « valide » à des prix très attractifs de particulier à particulier… jusqu’à 30 à 40 % moins cher que le marché pour certains modèles récents.L’enquête débutée en août 2015 s’est donc concentrée à contrôler durant quatre mois seulement une base de plus de 100 000 véhicules ayant fait l’objet d’une demande spécifique de carrossage. Au final, 630 modèles ont été identifiés comme suspects. C’est pourquoi, entre le 29 mars et le 20 avril, près de 1 800 militaires dans 91 départements ont opérés à une vérification minutieuse des camping-cars. A ce jour, 280 camping-cars ont pu être retrouvés représentant pour l’heure un préjudice financier estimé à plus de 11 millions d’euros, mais qui pourrait facilement grimper au total au-delà de 20 millions d’euros.
Le plus compliqué pour les forces de l’ordre est désormais de déceler la bonne ou mauvaise foi des acquéreurs. Pour exemple, dans la saisie dans un département de l’Ile-de-France, figure parmi la liste un camping-car avec 500 km au compteur et une carte grise dont la date de première immatriculation fait état de 2007. Autant dire que la personne ne pouvait ignorer la provenance tendancieuse du véhicule nous a confié le capitaine Briand, chef du cabinet-communication de la région de gendarmerie de Basse-Normandie joint par téléphone.Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, a tenu à féliciter hier les enquêteurs de la gendarmerie mobilisés pour avoir mis fin à ce trafic saluant la rigueur et le professionnalisme des militaires qui ont permis ce démantèlement à échelle nationale. Il faut dire qu’il n’y a jamais eu en France autant de véhicules retrouvés volés lors d’une seule et même opération.